Bonjour, c’est moi, le récit métaphysique de Frounze Dovlatian

Photo du film BAREV, ES EM de Frounze Dovlatian

Dans Barev, es Em (Bonjour, C’est moi), présenté à Cannes Classics en copie restaurée, Frounze Dovlatian narre l’histoire d’un jeune scientifique qui revient sur les choix consentis pour favoriser la construction d’un centre de recherche spatiale sur la plus haute montagne d’Arménie. L’acteur et réalisateur français Serge Avedikian, qui a bien connu le cinéaste arménien, explique pourquoi ce long métrage a marqué un tournant dans l’histoire du cinéma en Arménie.

Pour le parcours de ce cinéaste formé à l’école moscovite

Frounze Dovlatian est né en 1927 dans une région reculée de l’Arménie soviétique. À l’époque, les études cinématographiques se faisaient à Moscou. En 1959, il a terminé sa formation à l’école du cinéma supérieur, dont il est sorti brillamment, puis il a travaillé au studio Maxime Gorky pendant deux ans, jusqu’en 1961. De 1962 à 1965, il a collaboré avec le studio Moss Film, qui était en vogue à Moscou. En 1965, il a décidé de rentrer en Arménie et de collaborer avec le studio d’État Armenfilm. Bonjour, c’est moi est le premier film qu’il réalise ensuite. Il a convaincu deux acteurs de Moscou qu’il connaissait de rejoindre le projet : Natalia Feteyeva, qui est alors une jeune actrice en pleine éclosion, et Roland Bykov, un acteur d’origine juive.

Pour sa dimension métaphysique inédite

Son film est complètement métaphysique ! En Arménie, l’essentiel de la production cinématographique était jusqu’alors constituée de films historiques ou de comédies assez classiques. Un peu comme les réalisateurs de la Nouvelle Vague en France, Frounze Dovlatian est arrivé en posant des questions, au lieu d’avoir des certitudes. Il s’interrogeait sur l’identité profonde de l’être humain, et en particulier, au travers de son personnage principal, sur sa propre identité. Il s’est toujours interrogé sur la responsabilité de l’être humain dans la marche du monde.

Pour son audace formelle

Frounze Dovlatian ose des plans séquences incroyables pour l’époque. C’est un film très contemplatif, mais dans une contemplation du questionnement. C’est aussi un film en scope et en noir et blanc, ce qui était rare à cette période en dehors des films américains. Pour le studio Armenfilm, Bonjour, c’est moi va être un vrai tournant puisque le long métrage est sélectionné en compétition à Cannes en 1966. Depuis, il n’y en a pas eu d’autres.

Une présentation du National Cinema Centre of Armenia (NCCA). Restauration numérique du NCCA avec le soutien du Hayastan All Armenian Fund, réalisée par Locomotive Studios, Lettonie. La restauration 4K accompagnée de la bande originale mono arménienne-russe a été réalisée à partir du négatif caméra 35mm original fourni par Gosfilmofond en Russie et l’interpositif détenu aux National Archives of Armenia et approuvé par le réalisateur.