Élémentaire mon cher Peter Sohn

ELEMENTAIRE

À Element City, le feu, l’eau, l’air et la terre cohabitent en équilibre. Flam est liée à Flack, personnages incandescent et aquatique, doublés par Adèle Exarchopoulos et Vincent Lacoste dans la version française : signé du New Yorkais d’origine coréenne Peter Sohn, Elemental (Élémentaire), film de clôture du Festival, réunit tous les éléments pour fermer la parenthèse cannoise avec éclat. À travers cette histoire d’amitié inattendue, ce film d’animation Disney-Pixar Hors Compétition fait écho à une thématique universelle : l’harmonie des peuples et des cultures. Entretien avec Peter Sohn et Denise Ream, productrice du film.

Comment est né ce film ?

Peter Sohn : Tout a commencé avec des dessins de feu et d’eau. Il y avait une certaine tension dans ces dessins qui m’a rappelé ce moment où j’ai rencontré ma future femme, qui n’était pas coréenne. L’idée d’aborder la question des différences culturelles a commencé à résonner. Mélangé à ce monde d’éléments, le sujet a commencé à naitre. Quand je regardais le tableau périodique des éléments, ils ressemblaient pour moi à un ensemble d’appartements réunissant différentes communautés, différentes personnes vivant ensemble. Puis, s’est ajoutée l’idée de reconnaissance, celle que l’on ressent envers nos parents.

S’agit-il de questionner les relations multiculturelles ?

Peter Sohn : Oui, c’est un ingrédient très important de notre film. Que cela signifie-t-il de vivre dans un monde multiculturel, d’assimiler cela ?

Quelle est la personnalité de Flam et Flack ? Quelle part de vous-même avez-vous mis dans ces personnages ?

Peter Sohn : Beaucoup d’éléments de nos vies personnelles ont inspiré ces deux personnages, qui évoluent par ailleurs constamment. Flam a une personnalité très fougueuse. Elle est très, très amoureuse de ses parents et de sa culture, très fière. Elle a cette étincelle créative. Flack, lui, est transparent. Il ne peut cacher aucune de ses émotions. Il suit le courant et il est très empathique. Il pleure tout le temps. Beaucoup d’éléments qui les composent font partie de nous.

Pourquoi ces deux éléments, et pas les deux autres ?

Peter Sohn : En dessinant la terre et le feu au début du projet, on s’est rendus compte qu’il n’y avait pas beaucoup de tension. En dehors du feu et de l’eau, l’air et l’eau étaient les éléments les plus opposés.

Qu’en est-il de l’aspect technique ? Pouvez-vous nous parler des difficultés que vous avez rencontrées ?

Denise Ream : Nous avions ces deux éléments de type gazeux, et il était extrêmement complexe de créer un effet, quelque chose qui pourrait émaner. C’était compliqué pour Pixar, il fallait les rendre attrayants, que vous les aimiez et qu’ils soient facile à regarder.

Qu’avez-vous fait pour les rendre plus attrayants ?

Denise Ream : Nous avons fait tellement de tests.

Peter Sohn : Quand Flam a cligné des yeux pour la première fois, on a vu une lumière. Il s’agissait de contrôler ses flammes extérieures. Comment contrôler cela ? Parce que quand il y a un vrai feu, ça part dans tous les sens, c’est frénétique. Un artiste a découvert une nouvelle façon de rendre cet effet plus graphique. Rendre ce feu attrayant, c’était le plus grand challenge. Quant à l’eau, ça n’était qu’un monstre.

Denise Ream : Oui, juste à cause de l’éclairage. Cela reflète tellement de choses. Ses cheveux étaient vraiment durs, les cheveux en mouvement que vous remarquerez. C’est subtil, mais c’était vraiment difficile.

Peter Sohn : Mon conseil pour l’eau est : n’imaginez jamais de personnage aquatique ! C’est trop dur. L’eau est devenue un dilemme jusqu’à la fin du film à cause du feu, car il n’y a pas d’ombre sur le feu. Il est une source de lumière. Quand vous le mettez dans un décor, il brille sur tout. Et le personnage de l’eau reflétait, réfractait tout à chaque tableau.