Hommage à Ozu en deux actes : Les Sœurs Munakata

LES SŒURS MUNEKATA © 1950 TOHO CO., LTD.

Cannes Classics rend hommage à la richesse du cinéma de Yasujirô Ozu avec deux projections aujourd’hui. Après Récit d’un propriétaire, voici Les Sœurs Munakata, présenté en 4K par Shion Komatsu, de la société de production Toho.

Tout oppose Setsuko et Mariko, les sœurs Munakata. Kimono pour l’aînée, jupe courte pour la cadette, la première s’est mariée jeune et travaille d’arrache-pied dans un bar, l’autre, plus excentrique, profite des plaisirs de la vie. Le fossé va s’amenuiser lorsque Hiroshi, antiquaire et amour d’enfance de Setsuko, revient au Japon. Convaincue que les sentiments sont encore là de part et d’autre, Mariko sympathise avec Hiroshi dans le but de le rapprocher de sa sœur.

Ce conflit entre deux sœurs, entre deux identités, c’est aussi celui qui traverse l’œuvre du cinéaste. Dans les années 1910, alors qu’il a dix ans, son goût pour le cinéma se cultive à l’aune de films occidentaux et il dira, plus tard, qu’Ernst Lubitsch était son réalisateur favori. Peu à peu, Ozu se détache de ces influences, son style s’affirme. Le réalisateur compte parmi les figures de proue du shomingeki, ce style néoréaliste aux décors typiquement japonais, axé sur la classe moyenne, et filmé avec une caméra basse, à hauteur de personnes assises.

À la sortie des Sœurs Munakata, en 1950, Ozu compte déjà derrière lui une quarantaine de films. Dans ce long métrage, s’il oppose modernité et tradition, il finit par les faire dialoguer. Il pioche dans les motifs chinois, le mobilier, l’imagerie, mais préfère par exemple recourir à de la musique occidentale. Ce film raconte les conflits intérieurs de personnages isolés et finit par les réconcilier, avant de trouver leur propre voie.

Une présentation de Toho. Restauration numérique par Toho Co., Ltd. Restauration 4K menée chez Tokyo Laboratory Ltd. à partir du marron 35mm fourni par Toho. Distribution France : Carlotta Films.