Kadib Abyad, le devoir de mémoire d’Asmae el Moudir

LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES

Passée par Al Jazeera, la BBC ou encore Al Araby TV, Asmae el Moudir est une experte du film documentaire. Formée à la Moroccan Film Academy, la réalisatrice originaire de Casablanca a remporté de nombreux prix pour ses sujets. Après un moyen-métrage, The Postcard (2020), elle interroge son passé et celui de son pays avec Kadib Abyad (La mère de tous les mensonges), présenté en sélection Un Certain Regard.

La réalisatrice marocaine Asmae el Moudir cherche à comprendre pourquoi la seule photo de son enfance est celle d’une petite fille inconnue. Pour explorer son passé, la jeune femme construit une maquette du quartier de Casablanca dans lequel elle a grandi. Elle commence alors à remettre en question les histoires de ses parents et de sa grand-mère. À travers l’introspection de ses jeunes années, c’est l’histoire politique et sociale du Maroc que la cinéaste interroge.

Faire jouer ses proches n’est pas chose aisée, surtout pour parler des fantômes du passé. Si la stabilité de la famille el Moudir est bâtie sur un mensonge, c’est aussi le cas de la société marocaine, qui attend toujours l’état des lieux des « années de plomb », une période de répression politique sous le règne d’Hassan II.

 

« Alors que la petite fille raconte des souvenirs d’enfance, la cinéaste fait dire tout autre chose aux images. »

 

Les émeutes du pain de juin 1981 et ses centaines de morts, complètement occultées des livres d’histoire, ressurgissent au travers des recherches et des entretiens menés par la réalisatrice. À travers la mise à nu du cercle familial, Asmae el Moudir met des images et une voix sur les maux du pays du couchant lointain.