La Saga Rassam Berri à Cannes Classics : l’audace en héritage

LA SAGA RASSAM-BERRI, LE CINÉMA DANS LES VEINES

Rassam, Berri, Langman. Il faudrait une calculatrice pour déterminer le nombre de récompenses raflées par ce clan de cinéma. La Saga Rassam Berri nous plonge dans l’intimité de ces producteurs et réalisateurs de talent, aux vies mouvementées, où se croisent les plus grands cinéastes français et américains. Entretien avec Florent Maillet, coréalisateur du film avec Michel Denisot.

Rassam, Berri, Langman, Bouquet… Quel cinéma ces familles racontent-elles ?
Elles racontent cinquante ans de cinéma, des films élitistes, pointus, du cinéma populaire et d’auteur. Ça commence dans les années 1970 avec la fin de la Nouvelle Vague, avec Godard. On ajoute Jean Yanne pour les films populaires. Et cette histoire suit son cours avec Dimitri Rassam, qui produit Les Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon ou Carmen de Benjamin Millepied.

Comment avez-vous accès au très discret Paul Rassam ?
C’est une belle histoire parce que Michel Denisot le connaît depuis les années 1980. Ils se croisaient tout le temps et dînaient ensemble. Paul Rassam est quelqu’un de très secret. Il n’a jamais voulu parler de lui, ni apparaître nulle part. Et là, récemment, il a dit à Michel : « J’aimerais que tu racontes notre histoire. On nous a fait plein de demandes, j’ai toujours dit non. Mais aujourd’hui, le temps est venu et j’aimerais que ce soit toi. »

On entre par l’intime, on sort par l’intime… Comment avez-vous eu accès à ces séquences ?
C’était fou parce qu’on a posé la caméra et ils ont fait un déjeuner de famille comme si on n’avait pas été là. C’était assez beau, ils racontent leur histoire et, je n’avais jamais vu ça, ils ont tous la même version des faits. On sent qu’ils sont très « famille ». C’est un clan qui est extrêmement resserré. Carole Bouquet prend soin de Paul Rassam, elle l’emmène à l’hôpital quand il en a besoin. Quand il vient à Paris, il habite chez Thomas Langmann. Ils s’aiment très fort.

C’est aussi une histoire de cinéma américain, et pas n’importe lequel…
Ce qui est incroyable, c’est ce lien qu’ils ont réussi à créer avec avec tous les futurs grands d’Hollywood. Quand ils rencontrent Milos Forman, il n’est encore personne. Claude Berri achète, à l’époque, avec son argent personnel, Au feu les pompiers, dont personne ne voulait. Il a failli y laisser sa chemise et cela a créé un lien d’amitié indéfectible entre eux. Il y a l’amitié très resserrée avec Francis Coppola. Le mystère demeure sur la rencontre entre Jean-Pierre Rassam et Coppola. Personne ne sait nous en parler. Paul ne sait pas, ni Carole, même Coppola ne se souvient plus. Paul, lui, c’est à partir de la vente d’Apocalypse Now. Il y a eu un coup de foudre entre les deux et il a produit pratiquement tous les films de Coppola.

L’audace dans les choix de production s’est-il transmis en héritage ?
Elle se transmet encore sur les dernières générations avec Dimitri Rassam. À son âge, il a déjà eu un très gros succès avec Le Prénom. Il est beaucoup plus secret, sans doute davantage dans les codes actuels de la production. Produire Les Trois Mousquetaires en deux volets aujourd’hui, c’est quand même un énorme risque.