La vie en Iran totalitaire dans le satirique Terrestrial Verses

Photo du film Vayehi Boker (Et il y eut un matin) © DORI MEDIA / LES FILMS DU POISSON

Le Festival donne à voir évoluer le cinéma de deux cinéastes iraniens. Ali Asgari a par deux fois participé à la Compétition des Courts Métrages avec Il Silenzio (2016) et Bishtar Az Do Saat (2013), et Alireza Khatami comptait parmi les lauréats de la Résidence de la Cinéfondation en 2012 pour Les Versets de l’oubli. Les deux réalisateurs allient leurs savoir-faire pour Terrestrial Verses, présenté au Certain Regard.

La vie quotidienne iranienne à travers neuf histoires. Terrestrial Verses met en scène des femmes, des hommes, des enfants, dans des moments en apparence banals, où l’absurde vient tout détraquer.

À l’origine de ce film, il y a une balade nocturne entre Khatami et Asgari. Alors que le premier voit le tournage de son film annulé, faute d’autorisation du régime, le second l’accompagne dans la nuit. Tous deux lisent alors de la poésie iranienne. “Nous avons remarqué cette technique typique de la poésie farsi, explique Alireza Khatami à Variety. Une personne s’exprime dans un vers, puis une autre dans le suivant. C’est donc une forme de dialogue.”

En plus de cette inspiration formelle, les deux réalisateurs partagent des anecdotes absurdes vécues par leurs proches. L’écriture d’un scénario ne tarde pas et, deux semaines plus tard, le tournage débute. Il aura lieu en deux parties, une première avant le mouvement de protestation Femme, Vie, Liberté, et l’autre pendant, ce qui a contribué à nourrir le projet.

Au fil de ses tranches de vie, Terrestrial Verses concentre ce qui en Iran entrave la population. “Il était important pour nous de parler du système totalitaire qui contrôle toute la vie des individus”, explique Ali Asgari. À commencer par le corps des citoyens et tout ce qui y a trait, “les vêtements, l’alimentation, la manière de marcher, où s’asseoir…” complète Alireza Khatami.

Les Marches rouges ont accueilli dimanche 21 mai une trentaine de personnalités iraniennes venues soutenir les cinéastes iraniens indépendants et le mouvement Femme Vie Liberté (Women Life Freedom). L’actrice Zar Amir Ebrahimi, Prix d’interprétation à Cannes en 2022, était présente à cette occasion.