Les Herbes Sèches, de Nuri Bilge Ceylan, ou la chute des idéaux
Près de dix ans après sa Palme d’or pour Winter Sleep, le cinéaste Nuri Bilge Ceylan, dont plus de la moitié des films présentés à Cannes sont repartis auréolés d’un prix, est de retour en Compétition avec Kuru Otlar Ustune (Les Herbes Sèches). Ce nouveau drame planté dans le décor d’un village reculé d’Anatolie est l’occasion pour la figure de proue du cinéma turc de poursuivre la peinture patiente et méticuleuse de son pays d’origine.
Samet (Deniz Celiloglu) est un jeune enseignant en poste en Anatolie orientale. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray (Merve Dizdar), jeune professeure comme lui…
Dans Uzak, lauréat du Grand Prix du Festival et de deux prix d’interprétation à Cannes en 2003, un photographe cultivé et citadin accueillait à contre-cœur à Istanbul, son cousin campagnard et sans emploi. Les Herbes Sèches semble prendre le contrepied de ce film multirécompensé en transformant un citadin idéaliste en intrus au sein d’une région rurale et austère. Là, les ambitions déclinent, les idéaux se transforment en désillusions, et les préjugés s’ajoutent au sentiment d’exclusion.
« Un tel sujet offrait la possibilité de mettre en scène des évènements et des situations invitant à une réflexion sur certains concepts fondamentaux tels que le bien et le mal, l’individualisme et le collectivisme qui, dans notre pays, ont toujours constitué des dichotomies. »
Pour Nuri Bilge Ceylan, écrire et réaliser cette histoire était l’occasion d’un double état des lieux illustrant aussi bien le désespoir des habitants des zones reculées que les problématiques liées à au monde de l’éducation en Turquie.