Man in Black : scène ouverte pour Wang Xilin

Après son entrée en Compétition avec Jeunesse (Le Printemps), Wang Bing révèle un second documentaire en Séance Spéciale. Il s’agit de Man in Black, une expérience sensorielle de soixante minutes dédiée au compositeur chinois dissident Wang Xilin.

Il y a le corps, la voix et la musique. Le premier s’affiche nu et donne à voir les empreintes d’années de persécutions. La deuxième témoigne de la colère et de l’écorchement. Et la dernière, c’est la virtuosité des symphonies, ce qui restera à jamais.

Wang Xilin évolue au cœur du dispositif imaginé par Wang Bing dans l’écrin du théâtre des Bouffes du Nord. Sur cette scène parisienne, l’une des plus belles de Paris, l’expression se libère pour celui que le régime chinois a tenté de faire taire. Son engagement a débuté dès ses jeunes années, avant de s’immiscer dans ses compositions. Xilin y évoque la prison, la mort et la persécution. Il porte la mémoire des événements qui ont secoué l’histoire récente de Chine, là où le travail des historiens peine à témoigner.

Wang Bing invite le musicien à se mettre à nu, littéralement, pour rendre visible ce qu’il a enduré. “La destruction des corps est le mode de punition politique par excellence, explique le réalisateur. J’ai donc voulu montrer le corps qui a traversé toutes ces épreuves.”

La rencontre entre les deux hommes remonte à une quinzaine d’années. Bing fait alors appel à Xilin pour la composition de la musique de son film de fiction Le Fossé, musique qu’il finit par abandonner. La suite, ce sont des captations de concerts, puis des séquences tournées lorsque Wang Xilin quitte la Chine par exemple. Les prémices d’un documentaire sont posées. Jusqu’à ce que Wang Bing se décide à adopter une nouvelle forme, plus suggestive, poétique, sur un sujet éminemment politique.