Only the River Flows, le regard de Wei Shunjun

Only the river flows

Lorsque trois meurtres sont commis dans la petite ville de Banpo, en Chine, Ma Zhe, le chef de la police criminelle, est chargé d’élucider l’affaire. Dans Only The River Flows, le jeune réalisateur chinois Wei Shunjun, Mention spéciale du Jury en 2018 pour le court métrage On The Border, aborde la noirceur de l’âme humaine au travers d’un polar stylisé.

Qu’est-ce qui vous a incité à commencer à travailler sur ce film ?

Le film est l’adaptation d’une nouvelle éponyme écrite par la célèbre romancière chinoise Yu Hua. J’ai découvert cette nouvelle en juin 2018, alors que je venais de terminer mon séjour à Cannes pour mon court métrage On The Border, et je rentrais à Pékin. La lecture de la nouvelle m’a rappelé Tristan und Isolde, de Wagner. L’œuvre originale de Yu Hua offre une base suffisamment riche pour offrir des possibilités. C’est comme une pomme. Une pomme mûre. Mais lorsqu’elle est tombée sur la terre, nous l’avons vue comme une graine qui nous a permis de planter un autre pommier.

Pouvez-vous décrire votre méthode de travail et l’atmosphère qui régnait sur le plateau ?

Le film a été tourné principalement dans l’ordre chronologique du scénario. L’autre chose qui mérite d’être mentionnée est que sa quasi-totalité a été tournée en 16 mm. J’aime l’atmosphère et l’incertitude que la pellicule crée car il semble que le temps s’écoule progressivement à l’intérieur. Devant mes producteurs, j’ai même exagéré l’importance de ce choix créatif : c’est le SEUL moyen de rendre le temps « visible » ! Bien sûr, nous savons tous qu’il est luxueux de tourner un film dans son ordre chronologique de nos jours. Je suis donc très reconnaissante envers mes producteurs pour leur soutien et leur confiance.

 

« Pour percevoir ces choses « invisibles », mon cœur doit être plus sensible et mon esprit plus lucide. »

 

Un mot sur vos acteurs ?

J’ai l’honneur d’avoir travaillé avec beaucoup de grands acteurs fois-ci, mais j’aimerais mentionner tout particulièrement l’acteur principal du film, M. Yilong Zhu. C’est l’un des jeunes acteurs les plus extraordinaires de Chine. Notre décision de travailler ensemble a été prise assez facilement, parce qu’il aimait le scénario et le rôle. Je dirais que Yilong est un acteur professionnel, talentueux et humble. Travailler avec lui a été une grande source d’inspiration.

Qu’avez-vous appris au cours de la réalisation de ce film ?

Ce que j’ai le plus appris, c’est le secret de la réalisation d’un film. Que ce soit dans mes propres films ou dans ceux des autres, c’est toujours la partie « invisible » qui me captive le plus. Il est pour moi important de créer quelque chose d’invisible à travers les choses concrètes que l’on voit à l’écran. C’est à la fois très intéressant et extrêmement stimulant, car pour percevoir ces choses « invisibles », mon cœur doit être plus sensible et mon esprit plus lucide.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir cinéaste ?

Pour moi, le cinéma fait partie de ma vie, c’est une façon de rechercher la vérité ultime et un pont avec le monde extérieur qui m’entoure. Je suis ici à Cannes grâce à mon film, et il m’emmènera partout ailleurs dans le monde. Je me sers du cinéma pour soulever des questions et pour faire l’éloge de la vie et de l’amour. Tout cela m’a incité à devenir cinéaste.