Rendez-vous avec… Jane Fonda

Actrice, productrice, écrivaine, féministe et militante, Jane Fonda insuffle autant d’énergie à ses rôles qu’à ses convictions. De Broadway au singulier Barbarella (1968) jusqu’à l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Klute (1971), la comédienne a durablement marqué l’histoire du cinéma américain. Son militantisme à toute épreuve, d’abord contre la guerre du Vietnam puis en faveur du droit des femmes et pour l’environnement, fait de Jane Fonda une actrice hors du commun. Au contact des festivaliers, elle est revenue sur sa carrière et ses engagements avec justesse et amusement.

 

À propos du tournage insolite de Cat Ballou (1965) d’Eliot Silverstein et sa rencontre avec Lee Marvin.

C’était très amusant. J’ai adoré car je montais à cheval, je tirais au pistolet, et pendant ce temps Lee Marvin était constamment soûl ! Le film avait un petit budget, on devait tourner vite. J’ai même perdu une dent et ils n’ont même pas arrêté le tournage… Lee Marvin a fini par me dire : « Fonda, nous sommes les stars du film, si on permet aux producteurs de travailler autant, c’est toute l’équipe qui va prendre. Il faut se ranger du côté des ouvriers et des techniciens. » C’était un acteur généreux et gentil, il m’a appris que les acteurs ont une responsabilité vis-à-vis de leur image.

Sur sa sensibilisation à la cause féministe sur le tournage de Klute (1971) d’Allan J. Pakula.

Je suis arrivée à New-York une semaine avant le début du tournage, pour passer du temps avec des prostituées et des maquerelles, elles avaient toutes été abusées dans leur enfance. Je me suis inspirée de ces femmes pour mon rôle dans le film, j’ai même visité un crématorium dans lequel il y avait des photos de femmes battues à mort, ça m’avait horrifiée. Pendant certaines scènes, je fondais en larme en pensant au sort de toutes ces femmes. Au fond de moi, je me disais : « Merde, je deviens féministe ! » C’était un moment très important de ma vie.

Sur son militantisme contre la guerre du Vietnam.

Au début des années 1970, à Paris, j’ai rencontré d’anciens soldats américains qui avaient fui le Vietnam. Ils m’ont parlé de ce qu’il se passait vraiment là-bas. Je suis rentrée aux États-Unis et j’ai pris contact avec des syndicats. Je voulais arrêter ma carrière mais un militant communiste m’a dit : « Madame Fonda, nous comptons beaucoup de membres au sein de notre mouvement pour la paix, mais il n’y a pas d’actrice comme vous, continuez ce que vous faites, mais choisissez vos films en fonction de vos convictions. »

Quand elle partage la caméra avec son père, Henry Fonda, et Katharine Hepburn, dans La Maison du lac (1981) de Marc Rydell.

Mon père était malade, il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre et je ne voulais pas qu’il parte sans qu’on ait pu jouer dans un film ensemble. J’ai acheté les droits pour adapter la pièce de théâtre La Maison du lac au cinéma et Marc Rydell a été placé à la tête du projet. Assez vite, Katharine Hepburn m’a appelée pour me dire de tourner le film dans le New-Hampshire, pour la richesse de ses paysages. J’ai alors su qu’il fallait qu’elle joue dans le film. C’était un vrai plaisir de jouer avec mon père et j’ai beaucoup appris aux côtés de Katharine Hepburn.