1988 : l’hommage d’Ousmane Sembène aux tirailleurs sénégalais

CAMP DE THIAROYE

Cannes Classics revisite les chefs-d’œuvre du cinéma et, par la même occasion, les événements historiques qu’ils retracent. Ainsi est aujourd’hui projeté le drame d’Ousmane Sembène, Camp de Thiaroye, que le père du cinéma africain a coréalisé avec Thierno Faty Sow. Ce film est à découvrir en version restaurée, en présence de Margaret Bodde, directrice générale de The Film Foundation.

En 1944, le camp de Thiaroye est le théâtre d’un massacre sanglant. La guerre n’est pas tout à fait terminée lorsque les tirailleurs, ces soldats en majorité sénégalais, sont démobilisés. De retour près de Dakar, ils réclament le versement de leurs indemnités, une revendication qui sera lourdement réprimée par l’armée française.

Camp de Thiaroye, c’est l’histoire d’une trahison et d’une injustice. Thierno Faty Sow et Ousmane Sembène, lui-même ancien tirailleur, mettent en scène ce tragique épisode en s’inspirant de faits réels et de leurs propres expériences. En 1988, le film est projeté à la Mostra de Venise mais voit sa sortie interdite en France, symptôme du rapport ambigu qu’a longtemps entretenu le pays avec ce pan de l’histoire.

Au-delà du massacre de Thiaroye, les tirailleurs ont continué à inspirer le cinéma. Cannes s’en est fait l’écho avec Indigènes de Rachid Bouchareb, présenté en Compétition en 2008, et plus récemment, en 2022, en ouverture d’Un Certain Regard, avec Tirailleurs de Mathieu Vadepied, porté par Omar Sy.

 

Une présentation de The Film Foundation’s World Cinema Project. Restauré avec la Hobson/Lucas Family Foundation par The Film Foundation’s World Cinema Project et Cineteca di Bologna au laboratoire L’Immagine Ritrovata en association avec le ministère tunisien de la Culture et le ministère sénégalais de la Culture et du Patrimoine historique.
Remerciements à Mohammed Challouf.