All We Imagine as Light, le voyage féministe de Payal Kapadia

ALL WE IMAGINE AS LIGHT

Trois ans après avoir décroché l’Œil d’or du meilleur film documentaire à Cannes pour A Night of Knowing Nothing, la jeune réalisatrice indienne Payal Kapadia découvre la Compétition avec All We Imagine as Light, un premier long métrage de fiction à visée sociale et féministe.

Un patchwork visuel de séquences en noir et blanc montrant des étudiants en lutte, accompagné par la voix off mélancolique d’une jeune femme contant sa nostalgie d’un amour perdu : en 2021, Payal Kapadia soignait son passage au long métrage avec A Night of Knowing Nothing, un sublime documentaire politique conjugué au féminin, porté par des choix visuels et sensoriels épousant ceux du cinéma expérimental.

Auteure de quatre courts métrages aux effluves « weerasethakulienne » avant ce coup d’éclat, la jeune réalisatrice indienne entremêlait, dans ce film-manifeste à la texture granuleuse, le récit d’une relation épistolaire aux images des révoltes qui ont secoué les universités indiennes à la fin des Années 2010.

Après cette entrée en matière fracassante qui l’a propulsée au rang des cinéastes à suivre, Payal Kapadia s’empare à nouveau d’amour, de désir et d’émancipation féminine, des thématiques chevillées à son cinéma, pour aborder à travers leurs prismes la question des disparités sociétales de son pays.

Divisé en deux parties, le premier long métrage de fiction de l’ancienne élève de La Cinef et du Film and Television Institute of India dresse le portrait d’Anu et Prabha, deux infirmières de Mumbai engluées dans un quotidien dicté par leur travail et la singularité de leurs relations amoureuses.

Originaires l’une comme l’autre du sud de l’Inde, mais issues de milieux sociaux que tout oppose, les deux colocataires vont se découvrir un espace commun, propice à l’expression de leurs désirs et de leurs rêves, lors d’un voyage dans une forêt proche de la mer et du village côtier de Ratnagiri.

Pour cette première plongée dans la fiction, Payal Kapadia explique avoir accordé une importance toute particulière au casting du film afin de bâtir « un univers » autour de ses deux personnages principaux. À travers leurs parcours, elle affirme avoir souhaité retranscrire un sentiment de stagnation propre à ceux qui sont prisonniers d’une situation inextricable.

L’amour, fil rouge de sa filmographie, sert une nouvelle fois de prétexte à la réalisatrice pour interroger les problèmes inhérents aux disparités de genre, de classes et de religions qui agitent la société indienne.