An Unfinished Film : Lou Ye sur les traces d’un projet de cinéma maudit

CHRONIQUES CHINOISES

Quinze ans après son Prix du scénario pour Nuits d’ivresse printanière, Lou Ye revient à Cannes pour présenter en Séance Spéciale son dernier long métrage, An Unfinished Film, annoncé comme très personnel et pour l’heure encore énigmatique.

An Unfinished Film s’annonce comme le récit d’un projet maudit. L’histoire a lieu dans un hôtel, en janvier 2020, près de Wuhan. Alors qu’une équipe relance la production d’un projet cinématographique interrompu dix ans plus tôt, un virus gagne du terrain. Elle se retrouve confinée, avec des écrans pour seule fenêtre sur l’extérieur.

En dehors de son écho évident à la récente pandémie mondiale, le dernier film de Lou Ye est encore entouré de mystère à la veille de sa projection. Seule certitude, selon le coproducteur Philippe Bober, il s’agit de son film “le plus personnel”, tourné à la manière du “journal d’un intellectuel”.

En près de vingt-cinq années de carrière, Lou Ye s’est imposé comme une voix sulfureuse du cinéma chinois, quitte à s’attirer les foudres des autorités. En 2006, il présente Une Jeunesse chinoise en Compétition sans l’autorisation du régime. Le film lève à la fois le tabou de la sexualité et celui des événements de Tiananmen – bien que hors champ – ce qui lui vaudra une interdiction de filmer pendant cinq ans.

Le réalisateur devra user de ruse pour les films suivants : Nuits d’ivresse printanière, l’histoire d’un triangle amoureux, et Love and Bruises, tourné en France, avec Corinne Yam et Tahar Rahim. C’est avec Mystery qu’il s’est illustré pour la dernière fois à Cannes, au Certain Regard, en 2012.