Cannes et le cinéma d’animation, une histoire en mouvement

Mei et le chatonbus © Studio Ghibli

Avec six longs métrages colorant la Sélection officielle de cette 77e édition, le cinéma d’animation continue d’écrire son histoire avec le Festival de Cannes, qui récompensait par ailleurs cette année d’une Palme d’or d’honneur collective l’un de ses plus célèbres représentants.

Inutile, en effet, de présenter les personnages cultes et les récits délicats et envoûtants du studio japonais Ghibli, fondé en 1985 par deux des plus grands maîtres de l’animation nippone, Isao Takahata et Hayao Miyazaki, à qui le 7e Art doit une constellation de chefs-d’œuvre tels Le Voyage de Chihiro (2001) ou plus récemment, Le Garçon et le Héron (2023).

Le 20 mai, le légendaire studio, représenté pour l’occasion par le réalisateur Gorō Miyazaki, a reçu une Palme d’or collective face à un Grand Théâtre Lumière rempli de fans. Comme cadeau en retour, Gorō Miyazaki a proposé au public de découvrir quatre courts métrages de son père, dont trois jusque-là n’avaient jamais été montrés hors du Japon : Mei et le Chatonbus, À la recherche d’une maison, M. Pâte et la princesse Œuf et Boro la petite chenille.

Des talents à tous les étages du processus de fabrication et des regards singuliers, portés par des univers graphiques riches et uniques : à l’image du studio Ghibli, l’animation possède un immense réservoir de créateurs. Au fil des années, certains ont nourri l’histoire du Festival de Cannes de films restés gravés dans nos mémoires, que leurs contours soient savoureusement poétiques ou profondément politiques.

Les festivaliers qui ont eu la chance d’y assister se souviennent entre autres des mémorables projections de Vice-Versa (Inside Out, Hors Compétition 2015), le fabuleux voyage au cœur des émotions humaines de Pete Docter produit par les studios américains Pixar, ou encore, au Certain Regard, de La Tortue Rouge (2016), le merveilleux conte écologique de Michael Dudok de Wit co-produit avec Ghibli.

« L’animation nécessite un temps très long durant lequel il faut s’armer de patience. J’ai beaucoup de respect pour les réalisateurs qui s’investissent sur de si longues périodes », témoigne Michel Hazanavicius, qui signe avec La Plus Précieuse des marchandises, présenté en Compétition, l’un des films d’animation parmi les plus attendus du cru 2024.

La sélection des films d’animation était complétée cette année par cinq autres longs métrages : Silex and the City (Jul), Sauvages (Claude Barras), Angelo dans la forêt mystérieuse (Vincent Paronnaud et Alexis Ducord), Flow (Gints Zilbalodis) et Slocum et moi (Jean-François Laguionie) se sont invités au Palais des festivals ou sur la plage.

Même si l’animation n’y a pas toujours été aussi bien représentée que cette année, le Festival de Cannes a très tôt exploré ce genre au-delà du divertissement pour enfants, comme un véritable moyen d’expression artistique.

Les productions de Walt Disney, et notamment l’éléphant de Dumbo récompensé du Grand Prix dès 1947, furent les premières à se faire une place au cœur de la Sélection officielle. Plus tard, en 1953, c’est Walt Disney en personne qui accompagna Peter Pan sur la Croisette, là-même où René Laloux remporta deux décennies plus tard, en 1973, un Prix spécial du Jury pour son premier long métrage : La Planète Sauvage.

L’animation a définitivement accru sa présence au Festival de Cannes à partir de la décennie 2000 avec les sélections en Compétition de Shrek (2001), Shrek 2 (2004), Ghost in the Shell 2 : Innocence (2004), Persepolis (2007), Valse avec Bachir (2008) ou encore Là-Haut, qui fit l’ouverture Hors Compétition en 2009. Depuis, de nombreux autres films ont participé aux resserrements des liens entre l’animation et le Festival parmi lesquels, Kirikou et les bêtes sauvages (2005), Le Sommet des Dieux (2021), Élémentaire (2023) ou encore Robot Dreams (2023) ont récemment fait date.