1975 : Palme d’or pour Chronique des années de braise

CHRONIQUE DES ANNÉES DE BRAISE © DR

Cannes Classics célèbre les 50 ans d’une Palme d’or algérienne, décernée en 1975 à Mohamed Lakhdar Hamina pour Chronique des années de braise, une fresque sur les étincelles qui mèneront à la guerre d’indépendance.

La Compétition du 28e Festival de Cannes s’annonce aussi prestigieuse que disputée. Le Jury, présidé par Jeanne Moreau, doit départager des œuvres signées Scorsese, Herzog, Antonioni ou Costa-Gavras. Parmi les candidats : un réalisateur encore peu connu du grand public, Mohamed Lakhdar Hamina.

Huit ans plus tôt, l’Algérien avait fait une entrée remarquée à Cannes avec Le Vent des Aurès, récit d’une mère à la recherche de son fils enlevé par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Le film avait alors remporté le Prix de la Première œuvre.

Quatrième réalisation de Mohamed Lakhdar Hamina, Chronique des années de braise est présentée comme la première production algérienne de grande ampleur. Cette fresque de près de trois heures retrace les années qui précèdent le soulèvement, de 1939 à 1954, dans un pays au bord de l’embrasement. On y suit Hamid, un jeune paysan contraint de fuir son village ravagé par le typhus, bientôt enrôlé dans l’armée française durant la Seconde Guerre mondiale. À son retour, il découvre une terre rongée par la misère et la colère.

Mohamed Lakhdar Hamina expliquait alors :
« C’est un film contre l’injustice, contre l’humiliation. Ce qui domine, c’est la motivation de la guerre d’Algérie. Pour les jeunes qui n’ont pas connu cette époque, ça les aidera à la comprendre. Les plus âgés reconnaîtront l’authenticité des faits relatés. »

Mais la projection cannoise ne se fait pas sans tensions. Treize ans après l’indépendance, les plaies restent vives. Des anciens de l’OAS, nostalgiques de l’Algérie française, sont soupçonnés d’être à l’origine d’alertes à la bombe répétées durant cette édition 1975. Aucun incident ne sera toutefois à déplorer, et la fin sera des plus heureuses pour Mohamed Lakhdar Hamina, devenu le premier cinéaste du continent africain à recevoir la Palme d’or.