2000 : Amours chiennes ou l’éclosion d’Iñárritu et Bernal

Il y a vingt-cinq ans, un premier film mexicain faisait sensation à Cannes. Amores Perros (Amours chiennes) révélait au monde Alejandro González Iñárritu et Gael García Bernal. Le duo est de retour cette année pour célébrer cet anniversaire à Cannes Classics.

“J’étais jeune et très inquiet”, se souvient Alejandro González Iñárritu.

Ce matin de mai 2000, à 36 ans, le cinéaste mexicain dévoile sa toute première réalisation sur l’écran de la Semaine de la Critique : trois récits entremêlés, chacun impliquant un homme et un chien, dans un Mexico urbain, chaotique, vibrant — quelque part entre thriller et mélodrame. Amours chiennes est unanimement applaudi et décroche le Grand Prix de la Semaine.

Iñárritu y montre un Mexique à rebours des clichés véhiculés par le cinéma américain. La violence et le chaos sont au cœur de ce film, où le réalisme cru cohabite avec l’émotion brute et la beauté nerveuse de la capitale. La mise en scène, puissamment symbolique, s’inspire autant de la culture catholique que de l’héritage de la peinture muraliste mexicaine.

Un premier film, un style déjà affirmé… et un acteur révélé. Gael García Bernal n’a que 21 ans lorsqu’il accompagne le film à Cannes.

“Nous étions sept dans un petit appartement. On s’est tellement amusé !”, raconte-t-il.
“Il y avait des affiches d’autres films partout, et je me disais que le nôtre allait se perdre là-dedans, que personne ne le remarquerait !”

La suite s’écrit en lettres d’or pour les deux artistes. Dès l’année suivante, Bernal s’illustre dans Y Tu Mamá También d’Alfonso Cuarón, puis chez Almodóvar dans La Mauvaise Éducation, ou encore dans La Science des rêves de Michel Gondry. Cette année, il revient à Cannes dans le rôle-titre de Magellan de Lav Diaz, présenté à Cannes Première.

Quant à Iñárritu, il entame ce qu’il appellera sa “Trilogie de la mort” : Amours chiennes, 21 Grammes (2003), puis Babel, en Compétition en 2006. Porté par Brad Pitt, Cate Blanchett et Gael García Bernal, Babel décroche le Prix de la Mise en scène — dix ans avant The Revenant, qui vaudra à Iñárritu l’Oscar du Meilleur réalisateur.