Ari Aster explore l’Amérique fracturée dans Eddington
En Compétition pour la première fois, Ari Aster signe avec Eddington un western psychologique aux accents paranoïaques, ancré dans une Amérique au bord de l’implosion. Trois ans après Beau is Afraid, le cinéaste retrouve Joaquin Phoenix et dirige pour la première fois Emma Stone, Pedro Pascal et Austin Butler, dans une œuvre intense qui mêle tensions communautaires, climat pandémique et vertige du complotisme.
Révélé en 2018 avec Hérédité, Ari Aster s’est imposé en quelques films comme l’un des nouveaux maîtres de l’angoisse psychologique. Entre drame familial et comédie noire, son style viscéral et précis – souvent comparé à celui de Polanski ou Kubrick – explore les traumatismes intimes autant que les dérèglements collectifs. Eddington prolonge cette veine en abordant une Amérique en crise, au croisement de la peur sanitaire et des fractures sociales.
L’action se déroule en mai 2020, dans une petite ville du Nouveau-Mexique, alors que la pandémie de COVID-19 exacerbe les tensions. Joe Cross (Joaquin Phoenix), shérif local, se retrouve confronté à Ted Garcia (Pedro Pascal), maire charismatique dont les décisions vont faire basculer la communauté dans une spirale de chaos. Sur fond de fake news et d’angoisses collectives, Aster brosse le portrait d’une société à vif.
Tourné à Albuquerque, dans un État que le réalisateur connaît bien pour y avoir grandi, Eddington déploie une mise en scène tendue, elliptique, nourrie de silences, de ruptures narratives et d’un travail minutieux sur la lumière et le son. « Cela me convient d’être perçu comme un réalisateur de films d’horreur », confiait-il en 2023, « mais je sais que cette étiquette s’appliquera plus difficilement à mes prochains projets ». Avec Eddington, il signe une œuvre de transition, plus philosophique que démonstrative, où la peur change de visage et devient politique.