Rencontre avec Cédric Klapisch pour La Venue de l’avenir

LA VENUE DE L'AVENIR

Dans La Venue de l’avenir, Cédric Klapisch navigue entre la vie d’Adèle à la fin du 19e siècle et celle de quatre de ses arrières petits enfants, à notre époque. Jusqu’alors lointains cousins, ils se lancent dans une exploration de la rocambolesque existence de leur aïeule. Rencontre avec le cinéaste pour sa première sélection à Cannes, Hors Compétition.

Comment vous est venue l’idée de faire dialoguer deux époques ?

Ce face à face entre aujourd’hui et 1895 aborde le destin d’une famille et met en regard deux époques. Juste avant 1900, c’est un moment d’inventions technologiques : le train, l’électricité, le cinéma… La photo commence à exister et la peinture évolue en réaction. C’est un moment d’effervescence, tout comme aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle et les réseaux sociaux.

Vous traitez d’un moment où les arts picturaux entrent en conflit…

En 1870 et 1890, la photographie est très présente et on se demande si elle va remplacer la peinture. Finalement, elle la fera évoluer, avec l’impressionnisme par exemple. On n’est pas encore dans l’abstraction mais dans un questionnement sur le rôle de la peinture et de la couleur, alors absente en photo.

Ces supports sont mis en regard sur les images de notre époque. Quel regard porte le film sur celles-ci ?

Je voulais montrer à la fois la débilité et la vacuité véhiculées par ce biais, mais aussi la créativité. On est tellement inondé d’images et j’ai voulu rire du pire mais aussi montrer qu’il y a aussi une possibilité de fabriquer des choses intelligentes et créatives.

C’est aussi une histoire de transmission et de famille. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette dimension d’héritage ?

Les ancêtres dans le film ont 20 ans, j’ai voulu m’amuser avec cela. Le fait d’observer la vie d’une famille avec autant d’écart entre les générations pose la question de la généalogie, au-delà de la psychanalyse et de l’hérédité. Il y a cela dit un héritage immatériel très fort chez chacun je crois.

Le casting a-t-il été effectué par rapport aux époques du film ?

On a vu une vingtaine de filles pour le rôle d’Adèle et Suzanne Lindon s’est clairement détachée mais j’ai découvert à quel point l’époque allait bien à cette actrice seulement après l’avoir vue coiffée et en costume. Paul Kircher et Vassili Schneider sont très modernes, mais l’époque leur sied également. Il fallait avant tout que les acteurs conviennent aux personnages avant de cadrer avec l’époque.

Il y a une générosité dans les costumes et les décors. Monter cet univers a représenté quel terrain de jeu ?

Je n’avais jamais fait de film en costume. Pierre-Yves Gayraud s’est occupé des costumes et Marie Cheminal de la déco. Il y a eu un plaisir à se plonger dans l’esthétique mais cela a nécessité une grande équipe et beaucoup de patience, à l’opposé de ce que je connaissais : prendre sur le vif avec une certaine spontanéité. Le plaisir du film réside dans la longueur de la documentation, fastidieuse mais payante.