Renoir, rencontre avec Chie Hayakawa

RENOIR © Renoir - Loaded Films

Renoir, second long métrage de la Japonaise Chie Hayakawa, fait écho au drame vécu dans son enfance marquée par la maladie de son père. Elle y explore le sentiment de solitude, celui qui surgit parfois jusqu’au cœur du cercle familial, et tourne sans cesse autour de la même question : peut-on réellement comprendre la souffrance d’autrui ? Mention spéciale du Jury de la Caméra d’or pour Plan 75, son premier long métrage présenté au Certain Regard en 2022, la réalisatrice qui fait ses premiers pas en Compétition cette année, répond aux questions sur son nouveau film.

Le sujet de Renoir s’inspire de votre propre expérience personnelle. Pourriez-vous nous en dire plus ?

J’ai moi aussi eu un père atteint d’un cancer. Je me souviens des jours où j’allais à l’hôpital. Ce que j’y ai vu – les patients, leurs familles, les infirmières, et même les odeurs – tout est encore très présent dans ma mémoire.

« Mon intention était de créer un film qui ébranle mes propres émotions avant tout. »

Votre premier long métrage abordait déjà, avec subtilité, le thème du grand âge. Pourquoi ce sujet est-il si important pour vous ?

Peut-être que le fait d’avoir vécu auprès d’un père mourant a éveillé en moi un intérêt pour la manière dont chacun affronte la mort. Renoir est davantage un récit familial intime. C’est une histoire pour tous ceux qui se sentent seuls au sein même de leur famille – y compris moi, à une époque de ma vie.

À quelle époque se déroule l’histoire de Renoir ?

Le film se situe à la fin des années 1980, une période de transition où la société japonaise passait de l’après-guerre à une ère capitaliste. Les Japonais travaillaient sans relâche pour rattraper les pays occidentaux, et nourrissaient une grande admiration pour leur culture.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur vos comédiens ?

Yui Suzuki, qui incarne Fuki Okita, l’héroïne de 11 ans, est une actrice extraordinaire. Elle a été la première à se présenter au casting. Je n’ai presque pas eu besoin de lui donner d’indications : elle jouait naturellement, sans aucune hésitation.

Lily Franky, qui interprète le père, Keiji Okita, est un grand artiste, romancier et comédien. J’aime particulièrement son autobiographie, Tokyo Tower: Mom and Me, and Sometimes Dad (2005), qui m’a beaucoup inspirée au moment d’écrire le scénario.

Hikari Ishida, qui joue la mère, Utako Okita, était très investie dans ce projet. Son interprétation m’a profondément impressionnée.