Retour à la fiction pour Sergei Loznitsa avec Two Prosecutors

Sergei Loznitsa a bâti sa réputation de cinéaste sur de nombreux documentaires et s’est distingué dès son premier passage à la fiction avec My Joy en 2010. Après Dans la brume (2012), Two Prosecutors (Deux Procureurs) est sa troisième sélection en Compétition.

Avec Two Prosecutors, le réalisateur ukrainien nous plonge dans la Russie des purges staliniennes et adapte le roman du même titre de Gueorgui Demidov, physicien et ancien détenu du goulag. Le film suit le parcours d’un procureur fraîchement nommé, qui demande à rencontrer un prisonnier victime d’agents corrompus de la police secrète. Il plonge alors dans les affres d’un régime totalitaire qui ne dit pas son nom.

Depuis qu’il a étudié le cinéma au début des années 1990, Sergei Loznitsa navigue entre documentaire et fiction. Soucieux du moindre détail, film après film, il se veut le témoin des conflits d’hier et d’aujourd’hui, des cicatrices du soviétisme à la guerre actuelle avec la Russie.

Il documentait ce conflit l’an dernier dans L’Invasion, présenté à Un Certain Regard, compilation de scènes de la vie quotidienne à travers l’Ukraine en temps de guerre. Dix ans auparavant, sa caméra suivait déjà l’émergence du conflit dans Maïdan, du nom de la place où s’est jouée la protestation contre le président prorusse Ianoukovitch, un film présenté en Séance Spéciale en 2014.

S’il s’est distingué dans un style documentaire aux limites de l’expérimental, Sergei Loznitsa n’a pas manqué sa transition vers la fiction. Son premier long métrage du genre, My Joy, road movie présenté en Compétition en 2010, posait les bases d’un style à la fois minutieux et ambitieux, illustrant une violence sociale sans manquer d’humour noir. À l’époque, il déclarait : « Je voulais faire un film d’amour, mais comme ça arrive fréquemment avec les Russes, quel que soit votre projet, vous finissez avec une kalachnikov. »

Des mots qui, aujourd’hui, prennent tout leur sens.