Photo du film 10 Years Thailand © DR
10 Years Thailand. Rencontre avec Chulayarnnon Siriphol et Wisit Sasanatieng.
À quoi pourrait bien ressembler la Thaïlande dans dix ans ? Quatre réalisateurs de différentes sensibilités et de différentes générations entrevoient leur pays dans 10 Years Thailand, présenté en Séance Spéciale. À travers leurs fictions, Apichatpong Weerasethakul (Palme d’or en 2010 pour Oncle Boonmee), Aditya Assarat, Chulayarnnon Siriphol et Wisit Sasanatieng attirent l’attention sur une Thaïlande déstabilisée, en proie à un autoritarisme qui menace les libertés individuelles.
Comment en êtes-vous arrivé à participer à 10 Years Thailand ?
Wisit Sasanatieng : J’ai été invité à réaliser un film sur la situation actuelle en Thaïlande par des cinéastes indépendants. Je voulais que l’on montre ce qui s’y passe au public du monde entier pour que les gens soient conscients de la situation au-delà de nos frontières. Les Thaïlandais sont pris au piège depuis très longtemps. Depuis 2014, le pays est gouverné par une dictature militaire qui a freiné la dissidence, l'expression publique, et la diversité de pensée.
Le segment Catopia parle d’un jeune homme qui se rend compte qu’il est le seul être humain dans un monde de chats qui agissent comme des humains. Il doit donc se comporter comme ses compatriotes…
Wisit Sasanatieng : Catopia parle des gens qui vivent dans une société marquée par d’importants conflits. Ce problème est amené à durer et nous avons besoin de trouver une manière de vivre malgré tout en société, nous avons besoin d’une sorte de camouflage afin de pouvoir nous mêler aux autres.
Dans le segment Planetarium, vous imaginez l’histoire d’une structure gouvernementale qui soigne les pensées et comportements non conformes avec un traitement à base de lumière qui les rend dociles et souriants en permanence. Quel est le message ?
Chulayarnnon Siriphol : Dans la situation que nous connaissons, nous pouvons craindre de tels effets de la part du gouvernement actuel, en particulier dans la manière dont il contrôle la communication entre les individus. Il tente de tout centraliser. J’ai voulu montrer au public ce que serait un monde où absolument tout serait contrôlé.
Pourquoi est-ce qu’il est important que ce film soit présenté à Cannes ?
Chulayarnnon Siriphol : Déjà avant ce film, tout mon travail était consacré à la politique, ça m’a toujours intéressé. Montrer ce film à Cannes est une belle opportunité de le protéger et nous laisse espérer de pouvoir le montrer en Thaïlande.
