Hunt, la traque d’un infiltré en Corée du Sud. Interview de Lee Jung-Jae

Photo du film HUNT de Jung-Jae LEE © MEGABOX PLUS M

Dans la série Squid Game qui l’a rendu célèbre, il interprète Seong Gi-hun, gentil looser en quête de changement de vie.  Douze ans après sa venue pour The Housemaid (Compétition, 2010), le Sud-coréen Lee Jung-Jae fait son premier essai derrière la caméra avec Hunt, thriller sur fond de conflit implosif entre les deux Corées ancré dans les années 1980, et présenté en Séance de Minuit. Entretien.

Quelle est la genèse de ce film ? 

Après lecture du script original, j'ai décidé de faire ce film en pensant qu'il serait possible pour Park Pyong-ho et Kim Jung-do – les protagonistes, hauts responsables de la sécurité sud-coréenne –, d'être perçus comme des représentants de leur peuple. J'ai cherché un scénariste et un réalisateur avec une vision créative similaire à la mienne, mais, n’en trouvant pas, j'ai décidé d'écrire le scénario moi-même. En 4 ans, j'ai réécrit une quantité considérable de matière, et je me suis particulièrement concentré sur les motivations de chaque personnage. Ces motivations devaient être convaincantes et pressantes, afin que les personnages s'entrechoquent avec intensité. Je voulais que cette intensité chauffée à blanc se répande sur tout l'écran.

Qu’avez-vous souhaité montrer du conflit entre les deux Corées ? 

Ce film ne parle pas seulement de ce qui se passe en Corée, mais aussi de l'arrêt de tous les conflits dans le monde. Nous en venons souvent à croire des vérités déformées à travers des perspectives biaisées par les médias et l'éducation, ce qui nous met en conflit avec l'opposition. Il y a des gens dans le monde qui profitent de notre conflit, et ce qu'ils en retirent est évident, mais qu'en est-il du reste d'entre nous ? Il est important de se demander continuellement si nos croyances sont enracinées dans l'honneur et dans l'amour. J'aime à penser que ce film parle davantage de personnes qui travaillent à redresser leurs idéologies malades, que du conflit entre les deux Corées.

Pouvez-vous décrire vos méthodes de travail et l’atmosphère du tournage ? 

C'était mon premier film, mais j’ai voulu établir ma propre méthode, centrée sur l'harmonie. J’ai voulu coopérer et communiquer avec les acteurs et les membres de chaque équipe pour que l’on reste constamment sur la même longueur d'onde. Je pensais qu'à travers un tel processus, il serait possible d'augmenter la participation de tout le monde sur le plateau, et de trouver de bonnes idées.

Quelques mots sur vos acteurs ? Votre expérience de l’autre côté de la caméra? 

Tous les acteurs, avec leur énergie explosive, ont fait un excellent travail. Mon expérience d’acteur m'a appris que si les situations décrites dans le scénario se révèlent convaincantes et si le plateau de tournage semble réaliste, ma performance sera très naturelle. Mais si ce n'est pas le cas, j'essaie de suivre au maximum l'intention du réalisateur. Pendant les répétitions et les lectures de table, il y a eu des cas où j'ai immédiatement changé le dialogue en tenant compte des retours de la distribution. À d'autres moments, j'ai dû argumenter pour convaincre les acteurs, même si la scène pouvait leur sembler inconfortable. Dans le jeu, la raison et la logique doivent être concises pour que l'acteur puisse s’exprimer librement.