Invisible Demons, entretien avec Rahul Jain

Photo du film Invisible Demons © TOINEN KATSE OY / MA.JA.DE. FILMPRODUKTIONS GMBH (2021)

 

Avec Invisible Demons, le réalisateur indien Rahul Jain dresse un constat effrayant de la pollution à New Delhi et de son impact sur la santé de ses habitants. Un documentaire choc, présenté en Séance Spéciale « Cinéma pour le climat », qui révèle un enfer environnemental au quotidien.

Comment vous est venue l’idée de faire ce film ?

Quand je suis revenu à Delhi, j’ai commencé à tomber malade et je me suis rendu compte que tout le monde l’était aussi autour de moi. Je me suis demandé ce que je pouvais faire et cela m’a poussé à m’interroger sur notre rapport à la nature. J’ai souhaité approfondir ce sujet, et c’est la raison pour laquelle j’ai fait ce film.

Comment avez-vous tourné ce film ? Quelle a été votre méthode de travail ?

Je n’avais pas de plan ni de structure à proprement parler lors du tournage. La majeure partie du film provient de petites touches d’inspiration. Le film est avant tout basé sur mes impressions et ma perception de la ville.

Avez-vous rencontré des difficultés lors du tournage ?

Physiquement, j’ai dû surmonter beaucoup d’obstacles. Il a été très difficile d’obtenir la permission de filmer et j’ai souvent été viré des lieux où je voulais tourner. Je devais sans cesse me présenter comme un réalisateur qui travaillait sur un petit projet avec une petite équipe, sans mentionner l’ampleur du film. Les débuts ont été complexes mais je me suis vite rendu compte qu’il fallait en passer par là pour parvenir à mes fins. La post-production avec mon équipe a heureusement été beaucoup plus fluide.

Pensez-vous que le réchauffement climatique crée encore plus d’inégalités en Inde ou, au contraire, rassemble les individus autour d’une seule et même lutte ?

Je pense que le réchauffement climatique crée d’énormes inégalités en Inde car cela se produit dans un endroit où les hiérarchies sont omniprésentes. Cela ne va qu’accroître le fossé entre les hiérarchies. Bien entendu, qu’importe les privilèges que vous avez, vous ne pourrez pas échapper à la pollution. Vous pouvez construire un château, vivre dedans, filtrer ce qui y entre et en sort mais je ne crois pas que cela soit viable. En ce sens, toutes les classes sont confrontées au même problème. Nous avons tous le même corps, nous respirons et ressentons tous de la même manière. Par conséquent, le réchauffement climatique affecte tout le monde de façon équitable.

Comment pensez-vous que le public va réagir au film ?

C’est très difficile à déterminer. À ce moment précis, je dirais que le public va être choqué. Si je me base sur les conversations que j’ai eues avec plusieurs personnes, dont des journalistes, je retiens qu’ils savaient tous que la situation était mauvaise mais ils ignoraient à quel point. Le film a été une révélation.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Je travaille sur une mini-série qui traite de notre monde hyper connecté. Même si ce n’est pas toujours visible, nous portons tous des choses avec ou sur nous qui ont été conçues ou vendues par une personne à l’autre bout du globe. Quand je me regarde, je vois des objets du monde entier sur moi. Ainsi, j’essaye de trouver une façon de représenter la multiplicité de l’existence dans le monde actuel.