Rendez-vous avec Alice Rohrwacher

Rendez-vous avec Alice Rohrwacher © Alberto Pizzoli / AFP

Pendant Cannes 2022, quatre rencontres se dérouleront salles Buñuel et Debussy avec des réalisateurs et acteurs invités à partager leur travail et leur carrière lors de rendez-vous destinés à tous les festivaliers.
 
Au programme de cette année : Agnès Jaoui, Mads Mikkelsen, Javier Bardem & Alice Rohrwacher.

Alice Rohrwacher

Vendredi 27 mai à 14h30

Après des études de philosophie et de littérature à l’université de Turin, Alice Rohrwacher écrit et réalise son premier long métrage de fiction, Corpo celeste en 2011. Trois ans plus tard, elle dirige sa sœur ainée Alba Rohrwacher et Monica Bellucci dans Les Merveilles, présenté en Compétition au 67e Festival de Cannes. Elle obtient le Grand Prix du Jury présidé par Jane Campion et s’impose dès lors comme l’une des grandes voix de sa génération. Elle revient à Cannes pour le 71e Festival avec Heureux comme Lazzaro, Prix du scénario, ainsi qu’en 2019, comme membre du Jury présidé par Alejandro González Iñárritu.

Pour l'édition 2022, elle présente un nouveau film en avant-première mondiale, un court métrage intitulé Le Pupille, une fable d’apprentissage facétieuse à la morale en forme de pied de nez : et si les prétendues « mauvaises filles » étaient les meilleures ? Dans ce court métrage somptueux, tant dans sa mise en scène que dans sa direction artistique qui sait recréer la texture de l’enfance, Alice Rohrwacher retrouve sa sœur Alba et dirige pour la première fois Valeria Bruni Tedeschi.

Sur l'origine de son court-métrage, Les Pupilles

Alfonso Cuaron m'a contactée pour me demander si je serais d'accord pour réaliser un petit film de Noël. Tout de suite, dans mon esprit, m'est apparue la lettre d'Elsa Morante qui raconte un repas de Noël dans lequel tout tourne autour d’une tourte. De cette lettre est née l’idée de raconter la vie de ce collège de religieuse et de ces enfants. Tout est en somme parti d'une tourte !

 

Sur son hommage au cinéma du grand Hollywood

Mon court métrage est un doux hommage au cinéma des origines ! Comme le film se déroule dans les années 1940, on a tourné en pellicule et on a joué avec les codes des réalisateurs de l'époque. C'est un film très lié au jeu. La beauté du cinéma, c'est aussi d'avoir la possibilité de jouer avec les images même si on les respecte.

 

Sur l'entame de ces films dans le noir

Pour moi, commencer dans le noir est comme un jeu. L'idée est à chaque fois de rentrer dans un lieu qu'on ne connaît pas et d'amplifier nos sens pour utiliser notre imagination. Je veux que mes films fassent croître l'imagination du spectateur. Et pour cela, j'aime instaurer un dialogue entre le noir et la lumière.

 

Sur la religion dans ses films

Je pense que l’être humain n'est rien sans spiritualité. On a besoin d'un autre niveau d'expérience et le cinéma en fait partie. Comme je viens d'un pays catholique, je me suis confrontée à cette composante historique. Je crois qu'il y a un lien spirituel qui passe par l'image. Je crois aussi à la force des images et je crains la grande quantité d'images qui nous submerge. Je la crains car je crois au regard, à un regard qui nous guide dans cette profusion d'images.

Sur l'innocence

Nous sommes à un moment où l'audiovisuel se dirige de plus en plus vers les effets spéciaux. De mon côté, je crois à l'innocence de la mise en scène car elle possède une puissance encore plus grande. Ce n'est pas forcément lié au fait de montrer des personnes innocentes, mais au fait de chercher une pureté de la mise en scène.

 

Sur sa direction d'acteurs

On fait beaucoup d'essais et on répète beaucoup. Je suis de la vieille école ! Je passe aussi du temps avec les acteurs car il est important de créer des relations authentiques puisque l'histoire est fausse. C'est comme ça qu'elle peut devenir un peu plus vraie.

 

Sur le réel et l'imaginaire

Je suis la première spectatrice d'un film avant d'en être sa réalisatrice. Le réel va plus loin que l’imagination et je suis sous le charme du réel. C'est ce à partir de quoi on peut aller plus loin et atteindre une vérité. Le cinéma a le pouvoir de nous faire croire que le réel est différent et qu'il va plus loin que l'imagination.

 

Sur le côté politique du cinéma

La poésie a quelque chose de politique. Le cinéma est aussi politique de par la mise en scène. Il peut aider à penser par soi-même. Il peut contribuer au réveil de la conscience et c'est ça, le cinéma que j'aime. En tant que tel, il a un très grand pouvoir politique.

Vendredi 27 mai à 14h30, Salle Debussy au 1er étage du Palais des festivals.Billetterie à réserver en ligne.

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