La Danseuse, rendez-vous avec Stéphanie Di Gusto

Photo du film La Danseuse © Shanna Besson-Wild Bunch Distribution

La chanteuse Soko, mais également Gaspard Ulliel, Lily Rose Depp ou encore Mélanie Thierry… une pluie d’étoiles illumine le premier film de la cinéaste française Stéphanie Di Gusto. La Danseuse, qui concourt pour la Caméra d’or, retrace le destin de Loïe Fuller, célèbre pionnière de la danse moderne.

Racontez-nous la genèse de votre film…

Tout est parti d’une photo noir et blanc représentant une danseuse cachée dans un tourbillon de voile, en lévitation au-dessus du sol, avec une légende, au bas du cliché : « Loïe Fuller : l’icône de la Belle Époque ». J’ai voulu savoir quelle femme se cachait derrière ces métrages de tissu et son histoire m’a bouleversée. Loïe Fuller a littéralement révolutionné les arts scéniques à la fin du XIXe siècle. Et pourtant, personne ou presque ne se souvient d’elle. Le combat de cette fille de fermiers du Grand Ouest américain pour s’imposer comme artiste m’a donné le courage de me lancer et de consacrer 6 ans de ma vie à faire mon premier film.

L’atmosphère du tournage ?

Un combat, comme tous les tournages. Mais surtout du plaisir et du bonheur : le film est enfin possible, il va exister. Après une préparation très chaotique, je n’y croyais plus. Quand Alain Attal, mon producteur, a pris la décision de lancer le film malgré le déficit d’argent, j’avais du mal à réaliser que j’allais enfin pouvoir tourner. Rien n’aurait pu m’arrêter. Il y a une adrénaline et une inconscience qui vous portent très loin. Les difficultés et les contraintes font partie du processus de création. Chaque mauvaise nouvelle était une manière pour moi de rebondir.

« Le cinéma peut rendre tout intéressant, c’est la force de la mise en scène qui rend l’émotion possible. »

Quelques mots sur vos interprètes ?

C’était très excitant pour un premier film de travailler avec quatre personnalités aussi fortes, avec des manières de jouer complètement différentes. Je ne pouvais pas rêver mieux pour une première expérience. J’ai cette étrange impression que tous étaient venus pour défendre mon film coûte que coûte, autant que moi. Leur investissement m’a beaucoup touchée.

Vos sources d’influence ?

Je me nourris de tous les arts, le cinéma, la photographie, le documentaire, la musique, la littérature…L’art est un moyen de s’échapper, c’est le sujet de mon film. Je crois que le travail de Maya Deren a été très important pour moi. C’est une des premières vidéastes américaines d’origine russe née dans les années 20. Et puis évidemment, ce n’est pas très original, mais ma vie n’a pas été la même quand j’ai vu pour la première fois Un ange à ma table de Jane Campion. Je crois en la force de l’image, c’est le sujet de mon film. Le cinéma peut rendre tout intéressant, c’est la force de la mise en scène qui rend l’émotion possible.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

J’ai deux projets en tête complètement différents. J’ai encore envie de faire un film d’époque, le passé me fascine. Le monde était beaucoup moins réactionnaire qu’aujourd’hui, les gens étaient plus audacieux, plus libres. J’ai l’impression qu’on régresse beaucoup. L’autre projet est lui très actuel, j’ai envie de jeter un regard sur la banlieue, là d’où je viens.