La Gueule d’amour de Jean Gabin

Photo du film Gueule d'amour © DR

Gueule d’amour (1937) célèbre la rencontre entre le cinéaste Jean Grémillon et Jean Gabin, que le surnom ‘gueule d’amour’ suivra tout au long de sa carrière. Restauré, ce très beau film populaire du cinéma français des années trente dévoile la facette anti-héros de Jean Gabin. Patrick Glatre, biographe et spécialiste de l’acteur décrit ce rôle à part. 

Quel type de héros est-il dans ce film ?

C’est un personnage doublement maudit, loin de ses rôles de patron des films des années cinquante où il domine l’écran. Une sorte de fatalité tombe sur le héros et, en ce sens, c’est un film typique des années 1930. Soit il est tué, soit il tue, ce qui a sans doute contribué à l’identification du public car on est face à un protagoniste qui subit, comme dans la période de l’entre deux-guerres. En fait, c’est un héros ordinaire, proche du peuple.

Avec les femmes aussi, il souffre d’une certaine fatalité. Le grand séducteur dans la vie est un amoureux éconduit dans le film. C’est, là aussi, un héros ordinaire qui subit.

Quand il découvre le Gabin de ce film, le spectateur se demande ce qui a pu lui arriver, c’est un personnage au passé trouble. Gabin portait ce mystère mieux que tout le monde et c’est ce que Jean Grémillon adorait chez lui.

Que pensait Jean Gabin de Gueule d’amour ?

Avec Remorques (également de Jean Grémillon), Gueule d’amour était un film qu’il aimait peu, pour une raison précise. Jean Gabin était quelqu’un de très pudique et ces deux films sont les seuls de sa carrière où on l’ait vu pleurer. Il était hors de question de montrer à l’écran qu’il était un homme sensible pourtant, il l’avait accepté en lisant le scénario.

Présenté par TF1 Droits Audiovisuels avec le soutien du CNC. Restauration en 4K à partir du négatif original réalisée chez Hiventy.