Mademoiselle, Park Chan-Wook plus baroque que jamais

Photo du film Agassi (Mademoiselle) © CJ Entertainment

Park Chan-Wook a le don de désarçonner le Festival. Avec Old Boy (Grand Prix en 2004), il fait triompher le nouveau cinéma sud-coréen, amoral et sulfureux, sans être dénué d’humour. Cinq ans plus tard, il remporte le Prix du Jury pour Thirst : ceci est mon sang, aussi sensuel que violent. Le retour du virtuose était très attendu, il s’opère en Compétition avec Mademoiselle.

Park Chan-Wook va là où on ne l’attend pas. Avec Mademoiselle, il se lance dans le thriller en costumes et adapte Du bout des doigts, le roman de Sarah Waters. L’histoire originale a lieu à l’époque victorienne à Londres, mais le cinéaste revoit le décor : sa version a pour cadre la Corée encore colonisée par le Japon, dans les années 1930.

L’histoire qu’il raconte est celle de Sookee, engagée comme servante chez Hideko, une riche japonaise qui vit à l’écart, sous la coupe de son oncle. Avec la complicité d’un escroc qui se fait passer pour un comte japonais, Sookee tente de changer le cours des choses.

Par ses thématiques, le roman Du bout des doigts est taillé sur mesure pour Park Chan-Wook. Troubles psychiatriques, jeux de dupes, sexualité lesbienne… À sa lecture, le cinéaste est tombé amoureux.

« J’ai surtout choisi cette histoire parce que les deux femmes au centre du récit semblaient très réelles. L’une a un passé sombre et l’autre a un présent désespéré. »

Sur le plan esthétique aussi, Mademoiselle se veut à part. L’atmosphère du passé d’un côté, avec costumes et décors d’époque, et de l’autre, des moyens de tournage très actuels, avec un objectif anamorphique, qui donne une autre dimension à l’espace. Le maître du cinéma sud-coréen reste fidèle au mélange des genres quasi shakespearien qu’il développe depuis ses débuts.