Solaris, la réponse antimoderniste de Tarkovski à Kubrick

Photo du film Solyaris (Solaris) © DR

Adapté du roman éponyme de Stanilas Lem, publié en 1961, Solaris (1972) a constitué aux yeux de la critique une réponse antimoderniste à 2001, L’Odyssée de l’Espace, réalisé par Kubrick quatre ans plus tôt.

Salué comme l’un des chefs-d’œuvre de la science-fiction, 2001, L’Odyssée de l’Espace, de Stanley Kubrick, n’a pourtant jamais gagné l’estime d’Andreï Tarkovski en raison de sa vision de l’évolution humaine, qu’il jugeait trop biaisée et moderniste.

Au rang des critiques parmi les plus tranchées du réalisateur sur le long métrage de Kubrick, figure également le « manque de force émotionnelle du film », enrayée selon lui par les trop nombreuses références aux avancées technologiques.

« 2001 est erroné sur de nombreux aspects, même pour les spécialistes. Pour une véritable œuvre d'art, le faux doit être éliminé », juge le cinéaste russe, qualifiant le film du cinéaste américain de froid et stérile.

La « réponse soviétique » à 2001, L’Odysée de l’Espace

Tarkovski estime que rien ne peut être expliqué de façon scientifique, et que l’Homme doit évoluer en premier lieu en apprivoisant les forces qui l’entourent.

S’emparant de l’œuvre de Lem, il choisit de placer au centre du film une histoire d’amour peu conventionnelle qui voit Kris Kelvin, un psychologue célèbre pour ses recherches, retrouver le fantôme matérialisé de son épouse décédée.

Le film déploie un sens aigu du suspense en jouant sur la bande-son, les décors et un rythme très lent, parfois contemplatif, comme dans cette introduction sublime constituée de plans de feuilles et d’algues immergées dans l’eau.

Traitant en profondeur du thème de la transcendance, Solaris s’éloigne également du travail de Kubrick par sa conclusion, diamétralement opposée à celle de 2001.

Lorsque le long métrage sort dans les salles, en 1972, la Guerre Froide bat son plein. La presse fera du film la « réponse soviétique » au film de Kubrick. Solaris obtient la même année le Grand prix du Festival de Cannes.

Une présentation de Mosfilm Cinema Concern. Restauration numérique image par image son et image à partir d’un scan 2K du négatif. Producteur de la restauration : Karen Shakhnazarov.