Happy End : vision autrichienne des bourgeois de Calais

Photo du film Happy End © DR

La Pianiste, Grand Prix du Jury en 2001, Caché, Prix de la mise en scène en 2005… Cinq ans après Amour, Michael Haneke signe son huitième film en Sélection officielle au Festival de Cannes. Le réalisateur autrichien, qui compte parmi les rares réalisateurs à avoir reçu la Palme d’or à deux reprises (Le Ruban Blanc en 2009, Amour en 2012), présente le cinglant Happy End, tourné sur la Côte d’Opale avec deux de ses acteurs favoris : Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert. La crise des migrants y sert de prisme au cynisme ambiant de notre actualité.

L’ironie (l’humour ?) n’échappera à personne, tant il est difficile d’imaginer un Happy End à la crise des migrants condamnés à l’errance dans la jungle de Calais. Pour traiter de cette réalité glaçante, Michael Haneke a choisi de dépeindre l’indifférence féroce d’une famille bourgeoise du nord de la France, déconnectée des réalités sociales qui l’entourent. Jean-Louis Trintignant assure le rôle du patriarche grinçant, Isabelle Huppert et Mathieu Kassovitz campent ses enfants, et Toby Jones, la jeune Fantine Harduin et la belge Laura Verlinden viennent parfaire le tableau familial.

Plus que de la souffrance des migrants, ce film « peu psychologique et très factuel » aux dires d’Isabelle Huppert, traite de « l’aveuglement de l’humanité », et signe la quatrième collaboration entre Michael Haneke et l’actrice française, alors que le vétéran Jean-Louis Trintignant, qui avait juré que l’on ne l’y reprendrait plus, offre ses services à l’Autrichien pour la seconde fois depuis Amour. Pour celui qu’il considère comme « l’un des plus grands metteurs en scène au monde », Jean-Louis Trintignant, qui avouait en 2012 sa préférence pour le théâtre, a fait une exception. Michael Haneke a semble-t-il été convaincant.