Tesnota, rendez-vous avec Kantemir Balagov

Photo du film Tesnota (Une vie à l'étroit) © DR

1998, dans le nord du Caucase russe. Un jeune homme et sa fiancée sont kidnappés et leur libération fait l’objet d’une rançon. Première réalisation de Kantemir Balagov, Tesnota (Une Vie à l'Etroit) s’inspire de faits réels et pose la question des liens familiaux.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de ce film ?

Tout d’abord, je souhaitais filmer le nord du Caucase, qui a très peu été montré au cinéma. L’intrigue de Tesnota est basée sur des faits réels. Sa question centrale aborde les relations humaines au sein de la famille, les différences entre les cultures et de manière plus générale, les liens entre les personnes. Pendant que je travaillais l’histoire du film et ses personnages, j’ai souhaité questionner un élément essentiel des relations familiales : la nécessité du sacrifice.

Pouvez-vous évoquer le casting du film ?

Je souhaitais absolument que le personnage de confession juive soit joué par un Juif et les personnages de langue kabarde par des acteurs parlant cette langue. C’était une question de crédibilité, de vérité narrative. À Saint-Pétersbourg et à Moscou, mon directeur de casting a travaillé sans relâche pour les dénicher. Nous avons trouvé Daria Jovner à Moscou, où elle venait de terminer des études de théâtre. Ses parents sont des acteurs de théâtre originaire de Saint-Pétersbourg. Quant à l’acteur qui interprète son frère kidnappé dans le film, il est cuisinier et avait auparavant tourné dans un film d’Aleksey German.

Qu’avez-vous appris durant la réalisation de ce film ?

Que le cinéma est une histoire de mouvement. Le mouvement d’une histoire et de ses personnages. Le mouvement de l’image et du son. Le mouvement d’absolument tous ses composants. Il ne devrait jamais s’arrêter. Tout devrait être maintenu en mouvement pour permettre à un film de garder sa trajectoire.

Que pensez-vous de l’industrie cinématographique de votre pays ?

Malheureusement, il est très difficile de faire des films en Russie quand on est un jeune réalisateur. C’est presque impossible de filmer dans le Caucase. L’industrie se concentre principalement sur les réalisateurs déjà affirmés ou les projets commerciaux. Il n’y a pas de place pour les jeunes cinéastes. La seule exception est celle d’Alexandre Sokourov. Sans son aide, ainsi que celle du producteur Nikolay Yankin, mon film n’aurait jamais pu voir le jour. J’espère que la sélection de Tesnota aidera à la naissance d’une cinématographie dans le Caucase, qui comporte de nombreux acteurs talentueux.