Compétition : « Che » de Steven Soderbergh

Lauréat de la Palme d’Or en 1989 pour Sexe, Mensonges et Vidéo, Steven Soderbergh revient cette année en Compétition avec Che, son biopic fleuve sur Ernesto Guevara, interprété par Benicio Del Toro. Dans une première partie, le réalisateur américain retrace l’ascension du Che au cours de son coup d’état à Cuba contre le régime de Batista : d’abord médecin, puis commandant et enfin héros révolutionnaire. Dans le deuxième acte, Soderbergh revient sur la campagne bolivienne qui entraînera le Che vers la mort et tente d’expliquer pourquoi cet homme demeure un symbole d’idéalisme et d’héroïsme dans le coeur des gens à travers le monde.

"J’ai eu envie de consacrer un film (ou deux) au Che, explique-t-il, non seulement parce que sa vie a des allures de roman d’aventures, mais parce que je suis fasciné par les défis techniques qu’entraîne la mise en application d’une vision politique de grande envergure. J’avais envie d’illustrer en détails les efforts psychiques et physiques que nécessitèrent ces deux campagnes ; de montrer le processus par lequel un homme doté d’une volonté indomptable va découvrir sa capacité à inspirer d’autres hommes. Le Che ne l’aurait sans doute jamais admis, mais le style compte. Il compte assurément dans un film, et il est un élément crucial dans la compréhension de ces deux films. Che, 1ère partie est encadré par des images de la visite du Che à New York en 1964. C’est au cours de ce voyage que celui-ci exprima, sur la plus grande scène du monde, son mépris pour l’impérialisme et pour tous les pays d’Amérique Latine qui se plieraient aux demandes des Etats-Unis. Le corps du film évoque la Révolution Cubaine à travers le regard du Che. Les cadrages en cinémascope et le formalisme des compositions préfigurent l’issue de cet affrontement classique entre oppresseur et opprimé. Che, 2ème partie est une fuite en avant au fond d’un cul-de-sac idéologique. Son style visuel nous indique que tout peut arriver à tout moment. La fin reste imprévisible, et lorsqu’elle survient, on doit encore se demander si l’épilogue de cette histoire n’est pas le prologue d’une autre."

Outre Sexe, Mensonges et Vidéo, Steven Soderbergh a présenté trois autres films au Festival de Cannes : L’Anglais (1999) et Ocean’s 13 (2007) Hors Compétition, et King Of The Hill (1997) en Compétition.