Compétition : « Entre les murs » de Laurent Cantet

Avec Entre les murs, troisième film français à entrer en Compétition pour la Palme d’Or, Laurent Cantet effectue cette année son baptême cannois. Le réalisateur à qui l’on doit Ressources Humaines et L’Emploi du Temps persévère dans la veine sociale en adaptant le roman de François Bégaudeau, un jeune professeur de français dans un collège difficile. Dans sa volonté d’instruire sans pour autant domestiquer, celui-ci n’hésite pas à aller chercher les adolescents là où ça fait mal, les mettant souvent face à leurs limites afin de les motiver. Quitte à prendre parfois le risque du dérapage…

Laurent Cantet revient sur la genèse du projet : « Avant le tournage de Vers le Sud, j’avais eu l’idée d’un film sur la vie d’un collège. Très vite, le projet s’était imposé de ne jamais sortir de l’enceinte de l’établissement. De plus en plus de gens parlent de « sanctuariser » l’école. Je voulais au contraire la montrer comme une caisse de résonance, un lieu traversé par les turbulences du monde, un microcosme où se jouent très concrètement les questions d’égalité ou d’inégalité des chances, de travail et de pouvoir, d’intégration culturelle et sociale, d’exclusion. J’avais notamment développé une scène de conseil de discipline, que je voyais comme une sorte de « boîte noire » du collège. A la sortie de Vers le Sud, j’ai rencontré François qui présentait au même moment son nouveau livre, « Entre les murs ». Son discours était un contre-feu aux réquisitoires sur l’école d’aujourd’hui : pour une fois, un prof n’écrivait pas pour régler ses comptes avec des adolescents présentés comme des sauvages ou des abrutis. J’ai lu le livre, et j’ai eu immédiatement le sentiment qu’il apportait deux choses à mon projet initial : d’abord, une matière, une sorte d’assise documentaire qui me manquait, et que je m’apprêtais à constituer en allant moi-même passer du temps dans un collège ; et surtout, le personnage de François, son rapport très frontal avec les élèves. Il a ainsi condensé et incarné les différentes facettes de profs que j’avais d’abord imaginés. »