Compétition : « Serbis » de Brillante Mendoza

Réalisé par Brillante Mendoza, Serbis est le premier film philippin à être présenté en Compétition depuis Bayan Ko de Lino Brocka en 1984. L’action de ce long-métrage se déroule dans un vieux cinéma d’Angeles, aux Philippines, qui projette des films érotiques des années 70. Alors que les membres de la famille Pineda, propriétaire de ce cinéma, s’adonnent à leurs occupations quotidiennes, on découvre peu à peu leurs penchants et les difficultés auxquelles ils se heurtent. En proie à leurs démons intérieurs, ils vont jusqu’à fermer les yeux sur le business qui fleurit au sein même de leur établissement, celui de la prostitution.

« Serbis peut être décrypté à différents niveaux, raconte le cinéaste philippin. J’ai voulu que le film ait une double thématique. La première fait référence à la prostitution des jeunes gens, principalement des mineurs, qui officient à l’intérieur même des cinémas. De ce fait, la question de la morale se pose, sans parler de la légalité d’un tel commerce. Mais la véritable question est : qu’est-ce que la moralité, ou la légalité, dans une société qui s’appauvrit et où la survie est un combat quotidien ? En fait, tout ça se réduit à des questions économiques. »
Expliquant le choix de ce titre de film, Brillante Mendoza poursuit : « Au sens large, « Serbis » signifie « service » : le service d’une famille envers ses membres, d’un cinéma envers ses clients ; ou encore d’un film envers ses spectateurs, d’un citoyen envers la société, d’un pays envers ses citoyens, des hommes et des femmes envers l’humanité, de l’humanité envers l’homme ou la femme, et ainsi de suite… »