Conférence de presse : « Il Divo »

A l’occasion de la présentation en Compétition de Il Divo, le réalisateur italien Paolo Sorrentino, les acteurs Anna Bonaiuto, Piera Degli Esposti et Toni Servillo ainsi que les producteurs Fabio Conversi, Nicola Giuliano et Andrea Occhipinti ont répondu aux questions des journalistes. Extraits choisis.

Paolo Sorrentino sur le montage financier du film :
« Ce n’est pas facile en Italie de réaliser un tel film à cause de son sujet. Il me paraît impératif de remercier tous ceux qui ont participé de façon fondamentale et décisive au montage financier de ce film. Il s’agit du Ministère des biens culturels, de Sky qui est également intervenu, de la Film Commission du Piémont et de la Campanie et du producteur Fabio Conversi grâce auquel on a obtenu le soutien de Eurimages. »

Paolo Sorrentino sur la genèse du projet :
« C’est un projet que je voulais faire depuis toujours. Et je me suis censuré parfois, parce que je pensais qu’il n’était pas possible de le réaliser. La difficulté du film, ça a été de choisir des étapes de la biographie d’Andreotti, car celle-ci est très vaste et est connectée à l’histoire de l’Italie et à la biographie d’autres personnages aussi importants. Et puis il fallait aussi les transposer dans un contexte dramaturgique. A un moment, j’ai même pensé abandonner, car j’étais vraiment débordé par les documents à gérer. Mais j’ai réussi à le faire. »

Paolo Sorrentino sur la réaction d’Andreotti :
« Andreotti a vu le film et a réagi de façon assez énervée. D’ordinaire, on est habitué à ne voir aucune réaction de sa part lorsqu’il reçoit des critiques ou des accusations. Il est important d’avoir observé une réaction de sa part, même si elle a été négative. Car ceci confirme la force émotionnelle du film. »

Paolo Sorrentino sur la particularité italienne :
« L’Italie a une caractéristique qui la distingue des autres pays du fait de la nature occulte du pouvoir. Il y a un degré de transparence et de limpidité du pouvoir qui est bien inférieur à celui qui s’exerce dans d’autres pays. C’est vraiment une particularité italienne qui n’est pas vraiment encourageante et qui n’est pas très agréable à vivre. »

Paolo Sorrentino sur ses sources d’inspiration :
« Il vaut mieux regarder de loin ceux qui ont du talent et regarder de plus près ceux qui n’en ont pas. J’ai voulu revoir les films de Petri, parce que c’est quelqu’un que j’aime beaucoup et parce que c’est une personne qui sait faire à la fois des films engagés et les faire avec un langage différent, un langage moderne. Je pense que ce sont les deux éléments pour faire un bon film. Et puis dans la même mouvance, il y a aussi Rosi. »

Toni Servillo sur le personnage d’Andreotti :
« Pour un comédien, il est très difficile d’interpréter un personnage réel et qui plus est vivant. Ceci dit, il y a eu dans l’histoire du cinéma italien des comédiens extraordinaires qui se sont justement confrontés à cette difficulté. J’ai pensé qu’il était préférable de se débarrasser de toute volonté de se mettre dans la peau du personnage, de s’identifier à lui. Quand on m’a proposé ce rôle, en voyant la grande différence physique qu’il y avait entre nous deux, j’ai été un peu perplexe. Et puis en même temps, ce qui me plaisait dans le scénario, c’est que le véritable interprète du film, ce sont les années qui y sont racontées et dont Andreotti est le symbole. Et cela m’a encouragé à ne pas travailler comme on travaille dans les séries télé. On a fait trois, quatre séances de maquillage quelques mois avant de commencer le tournage. Un maquillage qui nous a convaincus qu’on pouvait maintenir une espèce de distance entre le masque du personnage et le visage de l’acteur qui se trouve derrière le personnage, et cette réflexion m’a amené à travailler avec une espèce d’éloignement qui fait qu’une fois le tournage terminé, je pouvais me débarrasser très vite du rôle. »