Conférence de presse : « Surveillance »

Pour la conférence de presse de Surveillance, la réalisatrice Jennifer Lynch, accompagnée de ses deux acteurs Julia Ormond et Bill Pullman, ainsi que de son producteur Marco Mehlitz, a répondu aux questions des journalistes. Propos rapportés.

Jennifer Lynch sur la raison de sa longue absence en tant que réalisatrice :
« Après le procès autour de Boxing Helena et une montagne de malentendus, j’ai été plus ou moins écartée. J’ai tourné des spots publicitaires, j’ai travaillé sur un roman, et j’ai même pensé tomber amoureuse. J’ai donné naissance à un enfant que j’ai élevé seule. J’ai été un peu occupé : huit années de sobriété, un gamin de 12 ans et plusieurs opérations de la colonne vertébrale. Bref, je me suis dit qu’il était temps de me remettre au travail. »

Jennifer Lynch sur son come back :
« C’est beaucoup moins important que l’impression que ça donne. Je suis une conteuse, je raconte des histoires, je respecte et j’adore ce métier ; c’est définitivement ce que je veux faire de ma vie. J’ai toujours fait ça, même quand il s’agissait d’en inventer pour ma fille. « Come back » est un mot trop fort… Mais je suis épatée d’être à nouveau ici. Je suis très honorée d’avoir votre attention. J’espère que ce n’est qu’un début. »

Sur les similitudes et les différences avec le travail de David Lynch, le père de Jennifer :
Julia Ormond, présente dans Inland Empire :
« Quand je vois le travail de David, je pense à un artiste qui donne libre cours à sa créativité en tant que voix unique. C’est aussi inné chez Jennifer. Le plus beau compliment que vous puissiez lui faire, c’est qu’elle ait trouvé sa propre créativité intérieure qu’elle concrétise avec beaucoup de cœur et de passion. Pour moi, c’est un plaisir de collaborer avec les deux. Lorsque j’ai joué sous la direction de David dans Inland Empire, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il se passait sur le plateau. En fait, c’était agréable, très relaxant de se laisser aller. Jennifer met tellement d’âme dans son travail qu’elle devient une sorte de référence, une inspiration qui nourrit la créativité de tous ses collaborateurs. Et elle prend son rôle très à cœur. Le fait qu’elle se remette au travail après une si désagréable expérience professionnelle est un soulagement. Je suis ravie de pouvoir apprécier le résultat sur un écran. C’est une belle œuvre, la marque d’une grande réalisatrice. »
Bill Pullman, présent dans Lost Highway :
« Les deux m’ont demandé de jouer un rôle libéré de toute convention morale. La manière dont cela dit est différente. Tous deux vous permettent de vous lâcher. Dans l’univers de David, ce n’est pas toujours clair ; dans celui de Jennifer, c’est toujours limpide mais d’une façon très riche qui vous permet de passer de l’objectivité à la subjectivité facilement. Elle possède cette facilité de vous élever intellectuellement tout en vous prenant aux tripes. Jennifer nous a présenté le concept comme une comédie romantique. J’étais content, je pensais enfin pouvoir embrasser la fille… Dans l’idée de Surveillance, il y a cette façon de se regarder, presque à l’intérieur de nos âmes. Dans le monde que nous partagions, c’était très sexy. Nous avons essayé de séduire la caméra de l’autre. »

Jennifer Lynch sur l’inspiration du travail de son père :
« Il y a maintenant trois ou quatre ans, il a découvert le premier script de Surveillance. Il m’a dit : « Tu ne peux pas finir ton film de cette manière, c’est déplacé. » Et il a ajouté : « Mais c’est ce qu’ils sont et c’est le cœur du sujet. » Il m’a mise au défi de réécrire le dénouement. Et nous avons tourné deux fins. Le plus important au sujet de cette fin, ce n’est pas ce que je pense après tout, c’est qu’elle colle le mieux au déroulement de l’histoire. Sans la noirceur de l’âme humaine, c’est juste un film banal vu et revu des milliers de fois. J’y crois à 100%. Finalement, mon père a reconnu que cette fin était la plus adaptée. C’était un grand compliment. Ce que j’ai appris à son contact, c’est d’être honnête envers soi-même et de croire en ce que l’on fait. »