Conférence de presse : « Synecdoche, New York »

Toute l’équipe de Synecdoche, New York s’est retrouvée en conférence pour répondre aux questions de la presse internationale. Etaient présents le réalisateur et scénariste Charlie Kaufman, les acteurs Catherine Keener, Samantha Morton, Michelle Williams, Tom Noonan, Philip Seymour Hoffman et les producteurs Anthony Bregman and Spike Jonze. Morceaux choisis.

Charlie Kaufman sur le choix du titre :
« J’aime bien les titres un peu compliqués qui n’en disent pas trop. Le dernier film sur lequel j’ai travaillé, je l’avais intitulé Eternal Sunshine of a Spotless Mind, et parce qu’il est un peu dur à mémoriser, je ne pouvais plus m’en rappeler pendant pas mal de temps. C’est venu finalement avec le temps et je me suis rendu compte que pour les spectateurs aussi. Donc, je me dis que pour celui-ci, ils apprendront à prononcer un nouveau mot. C’est toujours une bonne chose, non ? »

Sur le fait d’être dirigé par un débutant :

Philip Seymour Hoffman :
« Charlie a été incroyable. Dès le premier jour de tournage, il avait les bons réflexes et les bons instincts. Il était à la fois sérieux et léger. Je me suis fait violence pour saisir mon personnage et il m’a aidé dans cette entreprise. Charlie est un ami et les amis vous aident à passer les épreuves. Dans ce cas précis, il s’agissait de donner vie à Caden. Je pense qu’il a perçu toutes les facettes de ma personnalité durant ce tournage, ce qui n’est pas toujours plaisant. »

Samantha Morton:

« J’ai collaboré avec des réalisateurs confirmés qui n’avaient pas la moindre idée sur la manière de communiquer avec un acteur. Pourtant c’est primordial de parler surtout quand on travaille avec des gens intelligents – je dis ça en opposition à ceux qui veulent juste accaparer la caméra pour flatter leur ego. Dès mon arrivée à New York, il m’a insufflé une confiance inimaginable pour trouver l’essence de mon personnage. C’est très rare aujourd’hui, car certains réalisateurs redoutent de laisser trop de liberté aux acteurs… C’est leur film, leur scénario, ils ont peur d’en perdre le contrôle. Je me suis sentie tellement vivante sur ce tournage. Merci Charlie pour ça ! »

Michelle Williams :
« C’est assez spécial pour moi d’avoir deux films en Compétition en même temps à Cannes (Wendy et Lucy est sélectionné au Certain Regard). Et la production de Shutter Island, réalisé par Martin Scorsese, a été sympa de me laisser venir ici… La manière de travailler sur ce film n’appartient qu’à Charlie mais lorsque vous collaborez avec des gens très talentueux, il y a comme une émulation entre toutes les façons de faire de chacun. »

Charlie Kaufmann sur le fait de réaliser son premier film :
« Je n’étais pas spécialement inquiet. Certes, il s’agit d’un projet monumental… avec des centaines d’acteurs et de décors, mais nous avons fait en sorte de surmonter les obstacles pas à pas. Nous avons connu bien évidemment des situations stressantes, mais j’adore réellement travailler avec les comédiens. J’adore parler de ces petits détails nécessaires à la création d’un personnage… J’écris sans but précis. J’ai une idée, je m’y intéresse, puis enfin, je décide que je vais l’explorer de manière plus approfondie. La différence entre écrire et réaliser est que vous avez plein de gens qui veulent s’investir dans votre projet ; ne pas en tirer profit est idiot et inintéressant. Jamais je ne dirigerai quelqu’un pour qu’il agisse comme moi. C’est pourquoi l’interaction que j’ai eue avec les acteurs, tout spécialement avec Phil, est plus une collaboration. Le rôle a été créé ainsi. Il existe un scénario et les discussions avec les acteurs donnent vie aux personnages. »

Spike Jonze sur Charlie Kaufman en tant que scénariste :
« Son écriture est tellement précise. Sur Dans La Peau de John Malkovich, il y n’avait pas pour obligation d’amener chaque jour de nouvelles idées, mais pendant le tournage, on essayait des choses. Nous étions toujours respectueux du texte, tout en étant libre d’improviser quand on le sentait. Parfois, il demandait ce qui était arrivé à un dialogue… Mais il sait s’adapter, parce qu’il a conscience que certains jours, vous ne pouvez pas tourner à cause d’un problème technique… »

Spike Jonze sur Charlie Kaufman en tant que réalisateur :
« Synedoche, New York est vraiment brillant. Charlie n’hésite pas à supprimer des idées pour résoudre des problèmes de récit, tout en préservant son intégrité artistique et ses intentions. La scène du prêtre en est la parfaite illustration. C’est l’une de mes préférées. »