Hors Compétition – Séance Spéciale : « Jaffa » de Keren Yedaya

Keren Yedaya présente "Jaffa", son deuxième long-métrage, dans le cadre des Séances Spéciales.

Lauréate de la Caméra d’Or en 2004 avec Mon Trésor, Keren Yedaya revient, dans le cadre des Séances Spéciales, présenter Jaffa , son deuxième long-métrage. "Je me suis mise à réfléchir à Jaffa lorsque je terminais le scénario de Mon Trésor, raconte-t-elle. J’avais envie de faire un film politique sur Israël et la Palestine. Mais je cherchais à toucher plus de spectateurs que ceux qui aiment habituellement le "cinéma politique". Je pensais sincèrement qu’on pouvait créer une oeuvre d’art subversive, sans pour autant renoncer à toucher un large public."

Jaffa, la ville aux oranges, est un paradoxe urbain. Elle incarne à son corps défendant les difficultés du dialogue israélo-palestinien, mais aussi toute la richesse culturelle d’une civilisation que les deux peuples ont en partage. À Jaffa, nul n’est simplement arabe ou israélien, car dans cette belle cité maritime chacun appartient à une communauté mixte, de voisinage ou de pensée qui transcende paisiblement les clivages. Et même si les conflits récents et la dernière Intifada ont radicalisé les positions des deux camps, Jaffa se distingue par son fabuleux cosmopolitisme.
Ainsi le garage de Reuven est une affaire familiale. Il y emploie sa fille Mali et son fils Meir, ainsi que Toufik et Hassan, un jeune palestinien et son père. Personne ne se doute que Mali et Toufik s’aiment depuis des années. Alors que les deux amants préparent en secret leur mariage, la tension monte entre Meir et Toufik…

"Il m’a fallu un an pour déterminer le lieu de l’histoire que je voulais raconter, se souvient la réalisatrice. Cela me semblait plus intéressant d’évoquer la situation en Israël et non pas dans les territoires qu’on appelle communément "territoires occupés" : Gaza, Jenin, etc. La lutte des Palestiniens pour l’indépendance y est beaucoup plus claire que celle qu’ils mènent au sein même d’Israël, il s’agit d’une lutte beaucoup plus complexe et bien moins connue du reste du monde. Les Palestiniens qui vivent en Israël (appelés "Arabes israéliens") sont de fait des citoyens israéliens, mais ils sont toujours privés de certains droits, comme, par exemple, la possibilité d’étudier l’histoire de la Palestine à l’école. En tournant à Jaffa, j’ai essayé de montrer que le conflit entre Israël et la Palestine ne peut pas être réglé en érigeant un mur."

Jaffa est projeté aujourd’hui à 17h dans la salle du Soixantième.