L’équipe du film « Les Herbes folles » en conférence de presse

Entretien avec les journalistes autour des "Herbes folles"

Accompagné de ses comédiens Sabine Azéma, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, André Dussollier et Michel Vuillermoz et des producteurs Julie Salvador et Jean-Louis Livi, le réalisateur français Alain Resnais s’est entretenu avec la presse internationale au sujet de son nouveau long métrage Les Herbes folles, présenté en Compétition. Morceaux choisis.

Alain Resnais sur ses motivations à faire ce film :
"C’est une adaptation d’un roman de Christian Gailly. Ce roman m’a fasciné, m’a envoûté et je l’ai suivi avec le plus de fidélité possible. Christian Gailly est un spécialiste des questions qu’il pose dans ses livres mais auxquelles il se garde bien de répondre. C’est ce que j’ai essayé de reproduire dans le film avec cette idée que nous sommes tous à nous regarder, à nous juger, mais que nous ne connaissons en fait jamais nos véritables motivations, nos vraies pulsions, notre véritable passé. Ce qui fait le charme du livre, c’est certainement cette indécision, cette chose équivoque."

Alain Resnais sur la notion de succès :
"Quand on tourne un film, on se demande toujours s’il va avoir du succès, mais encore faut-il avoir la réponse. Si je savais qu’en mettant la caméra plutôt à gauche ou plutôt à droite, en mouvement ou de manière fixe, il y aurait plus de spectateurs, alors je le ferais immédiatement. Le succès est quelque chose d’imprévisible. Ce que je recherche, c’est de faire en sorte que le film puisse procurer des émotions, qu’elles soient comiques ou qu’elles soient sentimentales. Et je me pose la question de savoir si ça va suffire pour que le spectateur n’ait pas envie de sortir de la salle avant la fin du film et s’il va être heureux assis dans son fauteuil. C’est ma seule préoccupation, je ne peux pas prévoir d’avance ce qui est commercial ou non. Je fais simplement les films comme ils viennent en essayant simplement d’être fidèle à l’école surréaliste, à l’écriture automatique et en essayant de laisser parler l’inconscient. Quand je pense au succès, mon autodidactisme me tape aussitôt sur l’épaule pour me signifier que ce n’est pas mon domaine."

Sabine Azéma sur sa collaboration avec Alain Resnais :
"Quand je suis arrivée sur le tournage de La Vie est un roman, mon premier film avec Alain Resnais, je ne pensais pas qu’un jour je serai devant vous à vous parler du neuvième ou dixième film que j’ai tourné avec Alain. Et puis, j’ai le plaisir de retrouver André qui m’avait aidée à préparer l’entrée au Conservatoire. Si on se retrouve là aujourd’hui, c’est parce qu’il y a quelque chose qui se passe entre André, Alain, moi et aussi Pierre Arditi, quelque chose de mystérieux qu’on devrait pouvoir analyser. C’est vrai que sur chaque film, on voit de nouveaux comédiens arriver, et heureusement, c’est comme une bouffée d’oxygène, le jeu de cartes est battu différemment. Et puis à chaque film, on arrive autre. Là, je ne ressemble pas à la petite jeune fille de La Vie est un roman, il n’y a qu’à voir mes cheveux. On arrive sur chaque film avec ce qu’on a pu vivre dans les mois précédents. Alain aussi est différent… Cette collaboration est le plus beau cadeau qu’on ait pu me faire dans mon existence."

André Dussollier à propos de ses retrouvailles avec Alain Resnais :
"C’est toujours une aventure nouvelle, même si on se connaît bien maintenant avec Alain, parce que du fait du choix des sujets, on a l’impression qu’il s’agit à chaque fois d’un premier film. Et puis, il y a une telle attention de la part d’Alain, un tel investissement qu’on a envie de se surprendre. Ce n’est pas parce qu’on se connaît qu’on devient paresseux. C’est un plaisir renouvelé de se retrouver à chaque fois."

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