Un Certain sur Regard sur « Le père de mes enfants »

Mia Hansen-Løve présente "Le père de mes enfants", son deuxième long-métrage, dans la section Un Certain Regard.

En lice dans la sélection Un Certain Regard, les festivaliers peuvent découvrir aujourd’hui le deuxième long-métrage de Mia Hansen-Løve, intitulé Le père de mes enfants. "Ce film est né de ma rencontre avec Humbert Balsan, raconte la jeune réalisatrice. Il voulait produire mon premier film. Son enthousiasme et sa confiance ont été déterminants pour Tout est pardonné (2006), mais si j’ai écrit ce film, cela ne tient pas principalement à ma gratitude ; cela tient avant tout à sa personnalité. Son énergie, sa passion pour le cinéma, sa sensibilité, ce que j’ai perçu comme une invincible beauté intérieure, c’est cela qui m’a portée à écrire ce film. Le sentiment d’échec aussi, le désespoir qu’il révèle, sont à un moment donné absolus mais cela ne se substitue pas au reste, cela ne devient pas la seule vérité. Le film devait exprimer ce paradoxe : la coexistence chez un être de deux mouvements contraires, le conflit qu’il peut y avoir entre lumière et noirceur, force et vulnérabilité, désir de vie et désir de mort."

Grégoire Canvel est un homme heureux, comblé par sa famille et son travail de producteur. Hyperactif, il ne s’arrête jamais, sauf les week-end qu’il passe à la campagne : douces parenthèses, aussi précieuses que fragiles. Pourtant sa prestigieuse société, Moon Films, est dans le rouge. Mais Grégoire veut continuer. Un jour, il est obligé de voir la réalité en face. Alors surgit un mot : l’échec. Et une grande lassitude, qui va bientôt, secrètement, prendre la forme du désespoir.

Pour incarner ce personnage hors normes, Mia Hansen-Løve a fait confiance à Louis-Do de Lencquesaing, visage (re)connu du cinéma et du théâtre. "C’est un excellent comédien, explique-t-elle mais surtout, nul autre à mon sens ne possède sa prestance aristocratique, qui était essentielle pour le rôle. Je l’avais déjà croisé et je savais qu’il pouvait avoir le rayonnement de Grégoire Canvel. De plus, j’ai senti qu’en cherchant cela, je trouverais aussi dans sa présence ce qui devait aller de pair avec ce rayonnement : la souffrance, une souffrance dissimulée mais profonde. Il a tout de suite compris où je voulais le conduire, et dans les lectures, le ton juste était là très vite."