Chantrapas d’Otar Iosseliani

Photo du film

Le dernier film d’Otar Iosseliani, Chantrapas, est présenté aujourd’hui Hors Compétition, tout comme l’était Adieu plancher des vaches, Prix Louis Delluc en 1999. Auteur de six courts métrages et quatorze longs métrages (dont trois documentaires),  le cinéaste géorgien vient de recevoir le Prix spécial Jean Vigo pour l’ensemble de sa carrière.

Chantrapas  pour « chantera pas ». Un mot russe emprunté au français au XIXe siècle pour désigner les jeunes Russes qui n’étaient pas sélectionnés par les maîtres du bel canto italiens, et par extension tous les  exclus, les bons à rien… Un peu comme Nicolas, cinéaste qui quitte sa Géorgie  natale pour la France, parce qu’il a des problèmes avec la censure.
Installé en France depuis 1982, Otar Iosseliani se défend  pour autant d’avoir fait un film autobiographique. Chantrapas est « un portrait collectif de cinéastes ». « J’ai toujours réussi à faire tout ce que je voulais, même si mes films étaient interdits », explique t-il.  Si son film s’ouvre sur un de ses premiers films, un court métrage inédit qu’il a réalisé en 1959, alors qu’il avait 25 ans, c’est pour des problèmes de droits. S’il avait pu, il aurait choisi un film de l’un de ses collègues, Chenguelaia ou Tarkovski.
En France, l’état de grâce est toutefois de courte durée pour Nicolas, et Chantrapas se veut une parabole sur la nécessité de rester soi-même, malgré les obstacles. Ce qui n’empêche pas la poésie et l’humour. «   Le cinéma est une foire charmante. Il y a de tout : des marchands, des buveurs, des gens sérieux, des fonctionnaires. Et le cinéaste au milieu, et tout le monde s’amuse», dit Otar Iosseliani.
Comme à son habitude, Otar Iosseliani a fait appel à des acteurs non professionnels, « afin d’échapper aux clichés, aux tics des acteurs, qui eux ne cessent de passer d’un rôle à l’autre ». Avec une petite entorse à la règle toutefois, puisque  Bulle Ogier fait partie de la distribution. Tout comme Pierre Etaix, cinéaste (son film, le Grand amour réalisé en 1969, est programmé à Cannes Classics aujourd’hui à Cannes) et acteur occasionel (Jardin d’Automne d’Otar Iosseliani ou Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet).