« Draquila », Berlusconi au vitriol

La réalisatrice Sabina Guzzanti.
Séances spéciales / Ouverture

Présenté aujourd’hui en ouverture des Séances spéciales (20 heures, Salle du Soixantième), le nouveau film-documentaire de Sabina Guzzanti est un pamphlet à l’encontre de Silvio Berlusconi, accusé de récupération politique suite au tremblement de terre qui a touché l’Aquila, cité moyenne de la région des Abruzzes, le 6 avril 2009.

 

Sabina Guzzanti est un peu à l’Italie ce que Michael Moore est aux États-Unis : une figure journalistique aussi bien respectée que contestée pour son attachement à faire la lumière sur les zones d’ombres de l’actualité. À l’image de son alter-ego américain, cette imitatrice spécialiste de la satire politique se plaît à décortiquer les jeux de pouvoir des puissants de son Italie natale. Et se dit prête à tout pour raconter la vérité, au nom de la liberté d’informer, quitte à générer la polémique. « La satire relève du droit à la liberté d’expression dans une démocratie », aime-t-elle préciser.

 

En 2005, elle avait largement défrayé la chronique en Italie avec le long métrage Viva Zapatero !, critique au vitriol de la censure exercée sur les médias par l’actuel chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi. Avec Draquila, l’Italie qui tremble, nouveau documentaire à charge et au titre évocateur (Draquila, jeu de mots avec Dracula), elle accuse cette fois le leader italien, au plus bas dans les sondages lorsque survient le séisme, d’avoir volontairement ralenti le relogement des sinistrés pour profiter politiquement de la catastrophe.

 

En maintenant le film de Sabina Guzzanti à l’affiche malgré la polémique déclenchée au sein du gouvernement italien, le Festival de Cannes poursuit avec sa volonté d’accorder une place de choix aux documentaires d’actualité. Une tendance qui se renforce depuis 2002. Cette année-là, la sélection officielle du Festival accueille Être et avoir, de Nicolas Philibert (Hors Compétition), et Bowling For Columbine, de Michael Moore (En Compétition). En 2004, le genre confirme définitivement qu’il fait désormais partie intégrante de l’identité du Festival, et passe même un nouveau cap : présenté en Compétition, Farenheit 9/11, le film-documentaire du même Michael Moore remporte la Palme d’Or du Jury présidé par Quentin Tarantino.

 

B.P.