R U There : et la réalité prend le dessus

David Verbeek

Entre univers virtuel et monde réel, la barrière est parfois floue. Au point que lorsqu’un champion de jeux vidéo assiste à un grave accident, il n’intervient pas. Quand une fille lui plait, c’est sur Second life qu’il l’approche. Ce gamer désorienté, perdu entre deux sphères, c’est Jitze, personnage principal de R U There, le dernier long métrage du néerlandais David Verbeek, projeté à Un Certain Regard à 14 h 15 et à 22 h, Salle Debussy.

Jitze parcourt le monde et participe à des tournois de jeux vidéo. C’est à Taipei que le réalisateur a décidé d’amener le personnage de son cinquième film, un choix stratégique selon lui : « Le meilleur cadre où le situer, qui pouvait le désarçonner et le laisser perplexe, c’était un endroit où tout est complètement différent, avec une langue et une culture qui lui étaient totalement étrangères. C’est pour ça que j’ai décidé d’aller tourner très loin, dans un lieu exotique, et que j’ai choisi Taipei. »

Ce n’est pas la première fois que David Verbeek s’interroge sur la communication dans les sociétés actuelles. Dans Alt.suicideholiday.net (2005), il met en scène trois jeunes qui, après des mois passés à discuter sur Internet, se retrouvent pour fêter ensemble le nouvel an. Dans R U There, c’est l’inverse : ce n’est pas Jitze qui donne rendez-vous à la réalité, c’est elle qui vient le percuter de plein fouet.

Le film n’est pas un plaidoyer en faveur ou à l’encontre de Second Life et des autres technologies virtuelles. R U There prend de la distance avec ces phénomènes de société récents et montre les interactions qu’il peut y avoir entre réalité et fiction, voire la complémentarité qui peut les lier. Jitze n’a pas de repères lorsqu’il se trouve en société. Une fois connecté ou une fois son joystick en main, il devient maître du jeu. Toute la difficulté pour lui est de trouver le juste équilibre entre deux mondes aux codes et aux enjeux différents.

T.K.