Avec Hors Satan, Bruno Dumont radicalise sa manière de filmer

Bruno Dumont © AFP

Troisième long métrage du cinéaste français en Sélection Officielle, Hors Satan concourt au Certain Regard. Bruno Dumont y fait plus que jamais appel aux sensations et à l’émotion du spectateur. Une expérience cinématographique.

 

Ce sont d’abord les paysages qui ont inspiré Hors Satan. Les paysages de la côte d’Opale, où Bruno Dumont vit une partie de l’année depuis son enfance : un monde de dunes, de bois et de marais.

 

C’est là que vit un gars étrange. Il vivote, braconne, prie et fait des feux. Il passe du temps avec la fille d’une ferme d’à côté. Ils se recueillent ensemble, mystérieusement, dans l’attente d’une apparition, d’un miracle. Ils ne se parlent pas ou très peu. Pas de musique, non plus. Tout est filmé en son direct, avec des silences assourdissants.

 

Le cinéma de Bruno Dumont est âpre et sensuel. Il filme de façon brute la nature, les corps, sans jamais intellectualiser. Avec Hors Satan, sa manière de filmer devient plus radicale encore. La composition prime sur l’intrigue et les personnages. Il filme en plans très larges ou en gros plans, avec beaucoup de plongées et de contre-plongées. La durée des plans en revanche se raccourcit. Comme il l’explique dans un entretien accordé à Jean-Michel Frodon, il découvre qu’il peut atteindre ce qu’il cherche par d’autres moyens que la durée des plans, grâce au cadrage, au jeu des acteurs, et au montage qu’il signe seul, pour la première fois.

 

Bruno Dumont s’est imposé dès son premier film, La Vie de Jésus (1997) comme un cinéaste singulier. Il a remporté deux fois le Grand Prix  à Cannes pour L’Humanité en 1999 (également récompensé d’un double prix d’interprétation) et pour Flandres en 2006.

 

Le film est projeté lundi 16 mai, à 11h30 et 16h30, salle Debussy.

 

B. de M.