Nanni Moretti au chevet du pape

Nanni Moretti © AFP

Lauréat de la Palme d’or en 2001 pour La Chambre du Fils, le cinéaste italien présente son onzième long métrage et sixième en Compétition à Cannes. Portrait d’un pape qui ne peut assumer sa fonction, Habemus Papam divise les catholiques.

 

Après la gauche, le cinéma, l’école, Berlusconi, Nanni Moretti pose son regard ironique sur l’Eglise. Dans La Messe est finie (1985), il avait déjà égratigné la religion à travers un jeune prêtre, dont les concitoyens refusent l’aide. Dans Habemus Papam, l’action se déroule au siège même de l’église catholique, au Vatican, alors que le conclave se réunit pour élire un nouveau pape. Panique : le cardinal choisi (Michel Piccoli), terrifié par la fonction à laquelle il est appelé, refuse de se présenter face à la foule de fidèles, place Saint-Pierre.

 

Nanni Moretti trouve là le meilleur des cadres pour mêler questionnements intimes et questionnements politiques, essence de son cinéma depuis Je suis un autarcique en 1976. Comme souvent chez Moretti, s’entremêlent aussi la tragédie et la comédie. Au Vatican, où le conclave des cardinaux tente de surmonter la crise, comme dans les rues de Rome où le pape s’est échappé.

 

On aurait tort de croire que Nanni Moretti, qui interprète le psychanalyste dépêché par les autorités religieuses pour aider le pape à assumer sa fonction, abandonne la veine autobiographique en s’installant au Vatican. « Il y a quelque chose de moi aussi bien dans le personnage du psychanalyste que dans le malaise et le sentiment d’adéquation de Melville (le pape, ndlr) », souligne le cinéaste, qui jouait déjà un psychanalyste dans La Chambre du Fils.

 

A l’affiche en Italie depuis le 15 avril, Habemus Papam rencontre un énorme succès, et fait débat au sein même de l’église catholique. Si le vaticaniste Salvatore Izzo a publié un appel à boycotter le film dans le Journal des Evêques, Avvenire, la revue des Jésuites Civilità Cattolica et Radio Vatican ont quant à eux défendu le point de vue humain et respectueux du film.

 

B.de M.

 

Le film est projeté vendredi 13 mai à 8h30, 14h30 et 19h30 au Théâtre Lumière