Holy Motors : le grand retour de Leos Carax

Leos Carax © AFP

« Certainement le film le plus barré de la sélection » selon Thierry Frémaux, Holy Motors s’annonce comme une expérience, un poème visuel, un film à clés. C’est aussi une déclaration d’amour au cinéma, avec notamment Edith Scob, échappée des Yeux sans visage de Georges Franju.

 

L’image rappelle immédiatement Tokyo !, le film à sketches réalisé par Leos Carax, Michel Gondry et Bong Joon-ho. Denis Lavant dans un même costume vert sortant d’une bouche d’égout. Un être laid et sale, dénommé Merde, avec un œil en moins, des ongles crochus et interminables, éructant dans une langue incompréhensible et semant la terreur dans les rues de Tokyo.

 

Extrait du film Tokyo !

 

Ce personnage est de retour dans Holy Motors, mais il n’est qu’une des figures interprétée par Monsieur Oscar (Denis Lavant) qui voyage de vie en vie : tour à tour grand patron, mendiante, ouvrier spécialisé de la motion capture.

 

Le retour de Merde est aussi un clin d’œil au film qui lui a remis le pied à l’étrier, près de 10 ans après Pola X. Avec cinq longs métrages en 28 ans, Leos Carax n’a en effet que très peu tourné. Ses débuts sont pourtant plus que prometteurs et ses deux premiers films, qui témoignent d’un univers très singulier et d’une grande maitrise de la mise en scène, marquent une génération de cinéphiles : Boy meets Girl et Mauvais Sang.

 

Extrait du film Boy meets Girl

Vient ensuite la très longue et chaotique aventure des Amants du Pont Neuf (3 ans de tournage) qui le stigmatise en cinéaste maudit.

 

Extrait du film Les Amants du Pont Neuf

 

Face aux difficultés de monter ses derniers projets à l’étranger et en anglais, Leos Carax s’est inspiré de l’expérience de Tokyo ! A savoir : « imaginer vite, pour un acteur déjà choisi, un film pas trop cher ». C’est ainsi qu’est né Holy Motors, avec aussi « un ou deux sentiments, une ou deux peurs, et quelques questions trop grandes pour [lui] » comme il le confiait à Antoine de Baecque en 2004.

 

B. de M.

 

Interview de Leos Carax par Antoine de Baecque

Article de Jean-Michel Frodon sur le tournage de Holy Motors

 

 

 

Le film est projeté au Grand Théâtre Lumière le mercredi 23 mai à 12h30 et 22h30.