Un « Journal de France » à deux voix

Photo du film © DR

Journal de France tire un double fil : celui de la carrière du photographe-cinéaste Raymond Depardon, et celui de son périple photographique pour la Mission de France. Un travail à la chambre qui a donné lieu à 300 clichés, présentés à la Bibliothèque Nationale en 2010. Ce double parcours est raconté par Claudine Nougaret, co-réalisatrice du film avec Raymond Depardon. Discrète collaboratrice depuis 25 ans, elle est tout à la fois sa compagne, sa chef-opératrice du son et sa productrice.

 

Raymond Depardon et Claudine Nougaret © DR

 

La genèse
Claudine Nougaret : « Raymond voulait depuis longtemps faire un film avec des archives inédites et des chutes, mais on ne savait pas comment le faire. Parallèlement je trouvais qu’il fallait garder une trace de son travail pour la Mission de France. Cette France des sous-préfectures qu’il a photographiée, seul, dans son camion fourgonné, sans savoir le plus souvent où il était. Et j’ai eu l’idée de lier les deux. »

Raymond Depardon comme acteur
Claudine Nougaret : « On est allé le filmer en train de re-photographier la France. Il a composé son propre rôle. Comme tous les acteurs, il a ses humeurs (rires). Il avait un peu de mal à lâcher. Il voulait en même temps faire l’acteur et le diaph ».

Le choix des archives
Raymond Depardon : « Il y avait quelques événements incontournables comme la façon dont j’ai appris à filmer, le Biafra, Prague, Bokassa. On n’a pas retenu les choses connues comme New York, NY ou Ian Palach, on ne voulait pas faire de best-of. »

Une histoire d’amour
Raymond Depardon :  » C’est notre histoire aussi. J’avais fait des films tout seul, en mettant un micro sur la caméra. Quand on a tourné Urgences ensemble, j’ai repris une position qui était un peu plus la mienne. Un peu en retrait. C’est tout ce que j’attendais. C’est aussi une histoire d’amour, et j’aime beaucoup comment Claudine apparait dans le film, dans la chronologie. Parce qu’on s’était filmés, quand on s’est rencontrés, il y a 25 ans. Des images volées, mais pas indiscrrètes. »

La collaboration
Claudine Nougaret : Ca fait 25 ans qu’on travaille ensemble, et je me suis toujours senti faire des films avec Raymond : la préparation, le son, la production. Mais, pour moi c’était impossible de me mettre derrière la caméra avec lui. Puis, je suis tombée gravement malade, et je me suis dit, si je ne le fais pas maintenant, je le ferai jamais.

La suite
Raymond Depardon : « Il y a une chose certaine, c’est que le prochain film on le fera ensemble. »
Claudine Nougaret : « Tu crois ? En tout cas, c’est un film étape. Maintenant on peut passer à autre chose. Ce n’est surtout pas un film somme sur Raymond Depardon comme certains se l’imaginaient. C’est  important de faire des mises au point, de connaitre ses racines et de savoir où on va pour pouvoir avancer. »

Propos recueillis par B. de M.

 

Le film est projeté dans la salle du Soixantième le mardi 22 mai à 17h.