CANNES CLASSICS – De Cherbourg à Cannes, les parapluies tout beaux tout neufs

Michel Legrand © FDC / L

La pluie, les parapluies. La première s’invite chaque année au Festival de Cannes mais les seconds ne s’y étaient pas montrés depuis 1964. Les Parapluies, ceux de Cherbourg, ceux de Jacques Demy, reviennent à Cannes Classics après un long travail de conservation et de restauration. Retour sur ce second souffle avec Mathieu Demy, acteur et fils du réalisateur.

 

Mathieu Demy © Arte

 

Les Parapluies de Cherbourg, c’est un peu une histoire familiale. Qu’est-ce que ce film réveille en vous ?
Il réveille toute mon enfance en famille. C’est un film que j’ai vu des centaines de fois avec mon père. Ca évoque mes souvenirs d’enfance, quand Jacques projetait ses films en vacances. Avec plus de recul, j’ai appris à voir le film différemment : c’est un film incroyable, complétement hors normes.

Un long travail de restauration a été nécessaire. Qu’est-ce qui vous a posé problème ?
Nous sommes repartis de la sélection trichrome (trois interpositifs juxtaposés) qu’on a scannés. Il manquait des éléments, on a dû faire avec ce qu’on avait, le matériel n’était pas idéal. Pour le son aussi, on a dû repartir d’un autre mixage et l’adapter aux conditions de diffusion d’aujourd’hui. Il fallait restituer le support technique mais aussi l’expérience, mettre les gens dans les meilleures conditions pour redécouvrir le film. Il faut proposer une expérience la plus similaire à celle qui s’est passée le jour de la sortie. J’ai eu à cœur d’essayer que le film soit le plus parfait possible. Il fallait aussi l’associer à Agnès Varda. Elle ne s’est pas directement occupée des travaux de restauration mais elle avait la mémoire de ce qui s’est fait et des intentions artistiques. On a beaucoup travaillé ensemble.

Une partie de la restauration a été financée en crowfunding, par les dons d’internautes, pourquoi ce choix ?
Il manquait une partie des fonds, la restauration s’est avérée plus onéreuse que prévu. Pour compléter, on a fait appel aux internautes. C’est drôle quand les internautes investissent et, en même temps, c’est un film qu’ils connaissent, ils savent où ils mettent les pieds. Il y avait une logique. Une restauration a lieu parce qu’il y a une demande. Les gens qui aiment le film ont participé.

L’affiche et les premières images annoncent un film qu’on pourrait croire actuel. A quoi faut-il s’attendre ?
C’est un film qui est tout à fait intemporel. A l’époque, il a été reçu comme un magnifique ovni, pas du tout dans le réalisme. Il faut s’attendre à un film tel qu’il était, avec des couleurs éclatantes et un son restauré, adapté aux conditions de projection contemporaines. Les gens vont le redécouvrir dans son intemporalité, hors de toute référence artistique. On voit dans le film que ce sont les années 1950 et la guerre d’Algérie. Mais le choc esthétique est tel que ça pourrait très bien être un film d’époque sorti aujourd’hui. Ca ne paraitrait pas étrange.

Cinquante ans après sa Palme d’or à Cannes, le film revient à Cannes et sortira bientôt au cinéma.
C’était la récompense suprême. On a souhaité que le film ressorte en salles le 19 juin. En France dans un premier temps et on verra pour la suite.

Propos recueillis par Tarik Khaldi

 

SÉANCE
Jeudi 16 mai / Salle du Soixantième / 20h15


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