COMPETITION – Asghar Farhadi questionne le passé

Asghar Farhadi et Tahar Rahim © AFP

Après l’immense succès international d’Une Séparation, le cinéaste iranien est pour la première fois en Sélection officielle, avec un film tourné en France, et en français. Il s’agit aussi d’un divorce, mais celui-ci appartient ici au passé. Un passé, qui empêche les différents personnages de se projeter dans l’avenir.

 

 Photo © DR

 

Asghar Farhadi est pour la première fois en sélection à Cannes, mais il en a eu un avant-goût l’an dernier, en venant recevoir le prix Media de l’Union Européenne (remis cette année à Thomas Vinterberg), un prix qui récompense un projet avec un fort potentiel de succès. C’était justement pour Le Passé, qui n’était à l’époque qu’un scénario.

 

L’art et l’universalité de Farhadi sont, en effet, à l’œuvre dès l’écriture. Une écriture intuitive, où plusieurs histoires convergent vers une situation commune. Il y a une grande virtuosité dans les scénarios de Farhadi : la construction est toujours complexe mais fluide. Il s’agit de montrer la difficulté des relations humaines, des choix qui se posent à tout un chacun, et qui interrogent nos valeurs, nos certitudes. Des conflits conjugaux, voire familiaux, car les enfants ont toujours une vraie place dans les films de Farhadi. Dans Le Passé, la jeune Lucie est même la clé du récit.

 

Les personnages de Farhadi sont souvent soumis à un dilemme moral, mais le cinéaste ne délivre jamais aucune réponse, il laisse le spectateur juge, comme on peut le voir dans la scène d’ouverture de Une Séparation, où la caméra est à la place du juge (au début de la bande-annonce ci-dessous).

 

 

 

La précision dans l’écriture se retrouve aussi dans la direction d’acteurs -avec qui il répète plusieurs semaines jusqu’à ce qu’ils deviennent les personnages- et bien sûr dans la mise en scène, constamment réinventée et toujours au service de la justesse du récit et des personnages. C’est en cela que le cinéma de Farhadi est universel, même lorsqu’il est ancré dans la réalité iranienne, comme c’était le cas jusqu’ici.

 

Béatrice de Mondenard

 

SÉANCES

Vendredi 17 mai / Grand Théâtre Lumière / 8h30 – 15h – 19h

Samedi 18 mai / Salle du Soixantième / 12h


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