HORS COMPETITION – Robert Redford, le naufragé de J.C. Chandor

Equipe du film © AFP

J.C. Chandor vient pour la première fois à Cannes – Hors Compétition – pour faire découvrir son second long-métrage All is Lost. Une histoire de naufragé qui montre la lutte d’un homme, Robert Redford, face à l’océan et face à lui-même.

Margin Call, petit film aux grandes retombées permit à J.C. Chandor de sortir de l’ombre. Ce long-métrage sur le milieu de la finance et des traders a cumulé quelques 20.000.000 dollars au box-office mondial pour 3.500.000 de budget, avant d’être nominé pour l’Oscar du meilleur scénario. Une première réussite qui lui ouvre un beau champ d’opportunité pour la suite.

J.C. Chandor décide alors de réaliser un projet audacieux et personnel : celui d’un one man film où Robert Redford est l’unique acteur au scenario, et où même les décors – un bateau, la mer – restent minimalistes.

 

All is Lost © DR

Le réalisateur perçoit son film comme « une histoire très simple, celle d’un homme d’âge mûr qui part faire un tour de quatre ou cinq mois seul sur son voilier. Le destin veut qu’un accident endommage son bateau, et on assiste alors à huit jours de lutte pour sa survie ».

J.C. Chandor ne cache pas l’influence d’Hemingway et Du Vieil homme et la mer dans l’écriture du scénario. Marin de cœur, il confie : « J’ai grandi au milieu des voiliers et je connais bien ce monde. Cela fait longtemps déjà que je voulais faire un thriller en haute mer « .

Peu de jeunes cinéastes ont l’occasion de travailler avec un acteur de l’envergure de Robert Redford. J.C. Chandor a eu la chance de le rencontrer à Sundance où Margin Call avait été sélectionné en Compétition. Au sujet du film, l’acteur déclare : « C’était singulier, sans dialogues. Même si tout n’était pas expliqué noir sur blanc, j’avais confiance et je me suis rallié à sa mission les yeux fermés « .

 

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Interview de J.C. Chandor : 

 

Quels sont les éléments autobiographiques dans All Is Lost ?

Beaucoup de mes peurs sont dans ce film. Par exemple, ma peur d’être seul et plus généralement mon angoisse de la mort. Je voulais que les challenges que vit le personnage soient universels et que les spectateurs puissent s’identifier à lui. Quand on réalise un film, on est seul en quelques sortes, je me sentais alors très proche de lui d’une certaine manière.

Malgré tous les événements tragiques qui arrivent au personnage, il ne prie jamais, pourquoi ?

Je n’y avais jamais réfléchi. Que je ne le fasse pas prier veut surement dire quelque chose de moi. Je pense que même si ce n’est pas montré, certains des moments silencieux sont une forme de prière. Le personnage traverse en quelque sorte les sept phases du deuil de sa propre existence. 

 

Quel est le point commun entre vos deux films ?

L’unique connexion que je vois entre les deux projets est que j’aime divertir mon audience. Un film doit être divertissant, et ne pas trop se prendre au sérieux. Ça doit être comme un voyage, une aventure.

C’est un choix risqué de faire ce genre de film assez expérimental, avec un seul acteur et peu de dialogues. N’avez-vous pas peur que le film touche moins d’audience que le précèdent Margin Call ?

Ce film ne vise pas des records d’audience, mais pose une question qui me semble fondamentale. Le personnage de Robert Redford incarne toutes ces personnes qui, bien que dans des situations de vie extrêmement difficiles, continuent à se battre tous les jours.  Il y a quelque chose à l’intérieur de chacun de nous qui fait que nous continuons à avancer car nous n’avons pas d’autres possibilités. Et la question qui m’agite est pourquoi nous faisons ça, pourquoi nous continuons ? Le film est une expression de cette réflexion.  
 

 

 

Lisa Revil

SEANCES
Mercredi 22 mai / Grand Théâtre Lumière / 11h00 – 19h00

Jeudi 23 mai / Salle du Soixantième / 22h30
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