COMPÉTITION – Still The Water, ode spirituelle à la Terre

Équipe du film © AFP / AP

La nature constitue une piste de réflexion chère à la cinéaste japonaise, qui explore à nouveau son influence mystique sur l’être humain dans Futatsume no mado (Still The Water), son huitième long métrage.


Une procession religieuse qui défile solennellement au cœur d’une vaste prairie verdoyante balayée par le vent (La Forêt de Mogari, Grand Prix, 2007). Un couple d’amants qui se déchire sous une pluie diluvienne, les corps détrempés par les pleurs d’un ciel rugissant (Hanezu, L’Esprit des Montagnes, 2011). La nature n’a cessé de régir le cadre d’expression de Naomi Kawase et de guider son propos depuis ses débuts derrière la caméra, au point de s’y inviter parfois comme un personnage à part entière.

 

La réalisatrice japonaise aime jouer avec ses lignes, épouser ses courbes et s’approprier son univers sonore pour nourrir sa mise en scène, toujours délicate et poétique. Elle se plaît aussi à explorer son influence "divine" sur le "cycle de vie et de mort" de l’être humain et ainsi, dit-elle, de confronter les protagonistes de ses fictions à "sa toute-puissance". "La nature est là et l’être humain y est infiniment petit. Lui s’imagine qu’il peut la dominer car elle parle peu. Mais lorsque celle-ci se déchaîne, il est impuissant", analysait-elle en 2011.

 

Photo du film © 2014 WOWOW & COMME DES CINÉMAS


La famille, la spiritualité, et l’héritage des croyances ancestrales sont également des préoccupations récurrentes pour Naomi Kawase, qui voit en elles "un lien vertical entre le passé et le futur" à relier à la nature. Tourné sur l’île nippone d’Amami-Oshima, d’où sa famille est originaire, Still The Water lui a été inspiré par une fable que contait sa grand-mère. Le film narre l’expérience spirituelle "initiatique" d’un couple d’adolescents, incarnés à l’écran par Jun Yoshinaga et Nijiro Murakami, qui décide de percer le mystère de la découverte d’un corps en pleine mer. "Notre âme est complexe, vague et imprévisible. J’espère, par cette histoire, voir mûrir l’homme au contact du dieu que l’on appelle Nature", espère la réalisatrice.

Benoit Pavan

 

 

SÉANCE

Mardi 20 mai / Grand Théâtre Lumière / 16h30
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